Le documentaire « The apocalypse is okay » est le récit d’une aventure humaine de deux ans dans la Ville de Montreuil. La réalisatrice Emilie Desjardins y a suivi Meghan, une jeune artiste américaine à la recherche d’imaginaires confisqués, dans sa quête de réponses à la question : comment être libre en ville ?
Un conte poétique musical
Emilie Desjardins avait déjà travaillé sur le conditionnement social et la liberté dans son long-métrage « Tout va bien », sur une école de clowns. Elle souhaitait prolonger cette réflexion en faisant un film sur sa ville, Montreuil, et les différentes façons de l’habiter.
« Ma rencontre avec Meghan, qui vivait dans un squat juste à côté de chez moi, a été le déclic. D’origine américaine, elle représentait la figure du voyageur troubadour qui porte un regard différent sur le quotidien du pays qu’elle visite. » Emilie Desjardins

Alors que Meghan décide de vivre en France, pour de bon, le squat où elle vivait est expulsé. Se pose alors la question de l’avenir. Meghan « est poète, chanteuse, musicienne et un peu sorcière. Meghan a 30 ans et veut être libre. Libre de disposer de son temps, d’inventer sa vie. » Elle commence un voyage de deux ans dans Montreuil, où elle part à contre-sens, à la dérive, à la recherche de beauté pour réenchanter le monde et résister à la peur du lendemain.
Le film s’ouvre donc sur l’expulsion du squat et l’angoisse du futur. Soucieuse de ne pas entrer dans une logique binaire, Emilie Desjardins s’est concentré sur le monde poétique de Meghan, sans montrer en images les expulsions des nombreux squats, jardins partagés et lieux alternatifs que Meghan visite durant ces deux ans comme le Tardigrade, une cantine participative, ou encore le squat Michto. Des faits tristement en écho avec l’actualité, alors que les occupants de Bure subissent des assauts policiers.
Des thèmes universels
Les deux ans de tournage ont été rythmés par les rencontres de Meghan, et le film retrace tous les échanges qui ont été partagés dans de nombreuses interviews. Poètes, musiciens, oracles et gens du quotidien dialoguent avec elle sur ces thèmes universels : redevenir maître de son temps et avoir un usage de la Ville où l’on aurait de la disponibilité.

« Ce film est avant tout un poème dans la ville qui s’appuie sur la musique et les mots de gens qui n’ont pas envie de se laisser confisquer leur imaginaire. Comme l’a dit une personne interrogée, les privilèges ne sont pas toujours là où on le pense. C’est aussi un privilège de rêver sa vie, d’avoir l’énergie de le faire en étant capable de ne pas être écrasé, de rêver d’autres possibles… » Emilie Desjardins
Trailer du documentaire « The Apocalypse is okay » : https://vimeo.com/244843226
Meghan, c’est le fil rouge du film. Emilie Desjardins assume une subjectivité totale, et sa volonté de raconter une histoire : celle du cheminement intellectuel de la jeune artiste américaine. En tant que femme musicienne, Meghan refuse par exemple de se plier aux diktats de la mode et de l’image glamour que la société projette souvent sur les chanteuses. Cette exposition d’elle-même la rend fragile. Après une mauvaise expérience lors d’un concert, c’est la rencontre d’Isabelle Stengers, co-auteure du livre « La sorcellerie capitaliste », qui marquera un tournant dans son questionnement. Meghan n’aura alors de cesse de répondre à cette question : « comment se désenvoûter de cette emprise ? »

Comme sur la bande-annonce, le spectateur la suit souvent de dos, parfois en travelling, toujours comme figure phare explorant la Ville de Montreuil. Bien sûr, la jeune femme n’est pas qu’un prétexte, sa fibre artistique façonne beaucoup le récit. « The Apocalypse is okay » est ainsi le titre d’une chanson de Meghan qui parle du sens premier de l’apocalypse qui est la fin et le recommencement. Pour faire un monde nouveau, l’ancien doit mourir. Boris Munger, cadreur, et Valentin Le Cor, ingénieur son, ont accompagné Emilie Desjardins dans la réalisation de ce conte poétique musical.
Ni portrait, ni fiction, ce documentaire est un « film guerilla » tourné à tout petit budget. La réalisatrice a souhaité mettre en images l’optimisme forcené de Meghan et la grâce qu’elle cherche en toute chose, cette parole poétique propre aux esprits libres.

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