Ce mardi 4 avril, la Syrie a été frappée par ce que la communauté internationale a reconnu comme étant une attaque chimique. Les ONG sur place estiment pour l’instant le nombre de victimes à 70 civils environ. De nouvelles photos d’horreur parcourent les réseaux sociaux et viennent nous rappeler les atrocités commises sur cette terre dévastée.
La Syrie : théâtre des conflits internationaux
Voilà près de 6 ans que la Syrie est plongée dans une guerre qui n’en finit plus. Les affrontements opposant l’Armée syrienne libre au régime de Bachar al-Assad ont commencé en 2011 alors que le régime baasiste d’Assad réprimait brutalement les manifestations en faveur de la démocratie héritées du mouvement des printemps arabes. Peu à peu les coalitions naissent et, d’une guerre civile, la Syrie devient le théâtre d’une guerre internationalisée touchant aussi bien à la politique qu’à l’énergie, et à la religion. Les populations syriennes, prises dans ce conflit généralisé, souffrent depuis trop longtemps déjà des affrontements qui gagnent chaque jour un peu plus en violence. Entre mars 2011 et février 2016 la guerre aurait fait entre 260 000 et 470 000 morts d’après les diverses estimations des ONG et de l’ONU. Un nouveau désastre a alors ravagé la ville de Khan Cheikhoun mardi : cette petite ville du nord-ouest de la Syrie contrôlée par les djihadistes a été frappée par des bombes chimiques.
Environ 70 civils ont été tués injustement ou ont perdu leur famille à cause de l’utilisation d’armes prohibées par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (1997) et reconnues comme « armes de destruction massive » au même titre que les armes nucléaires.
Les populations ravagées par ces « armes de destruction massive »
Evidemment, deux versions des faits s’opposent. D’un côté, la coalition internationale dénonce un crime de guerre commis volontairement par le régime de Bachar al-Assad ; de l’autre, le gouvernement syrien et ses alliés (la Russie notamment) assurent avoir bombardé une base rebelle contenant des substances chimiques qui se seraient répandues dans l’explosion. Pourtant le bilan reste le même : environ 70 civils ont été tués injustement ou ont perdu leur famille à cause de l’utilisation d’armes prohibées par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (1997) et reconnues comme « armes de destruction massive » au même titre que les armes nucléaires. Même si la nature chimique de l’attaque reste seulement « présumée », les photos dont nous disposons, elles, ne mentent pas. Des clichés de personnes gisant dans la rue, convulsant, saisies de spasmes, la mousse sortant de la bouche sont largement diffusés et suscitent l’indignation internationale. De plus, la Turquie, qui a accueilli de nombreux blessés, a reconnu des traces d’exposition à « un agent chimique » tandis que les ONG ont relevé qu’il pourrait s’agir de gaz sarin, un gaz inodore et invisible qui, au simple contact avec la peau, bloque la transmission de l’influx nerveux provoquant un arrêt cardio-respiratoire.

Hommage…
Une photo, largement relayée sur internet, résume à nouveau l’enfer dans lequel sont plongées les populations syriennes. On y voit un jeune père, Abdel Hameed Alyousef, commerçant de 29 ans, tenant dans ses bras ses deux jumeaux, morts à cause de l’exposition aux substances chimiques. La détresse, le désespoir, la colère et la peur semblent inonder le regard du jeune papa qui a vu disparaître toute sa famille sous les coups des bombardements. L’Associated Press rapporte l’histoire tragique de ce père : ce sont d’abord ses deux jumeaux de 9 mois ainsi que sa femme qui sont tombés malades. Abdel Hameed Alyousef les a aussitôt confiés à une équipe paramédicale et est parti chercher le reste sa famille. Mais à son arrivée il trouve deux de ses frères, sa nièce et deux de ses neveux inanimés. De retour à l’hôpital, l’équipe lui annonce alors que ses enfants et sa femme sont tous décédés. Tout l’anéantissement provoqué par la guerre est contenu dans ce cliché, et comme l’a souligné la déléguée américaine à l’Organisation des Nations-Unies : nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ces photos.

Après ce désastre, les Etats-Unis (contre toute attente) n’ont pas fait attendre leur riposte. Donald Trump, affirmant avoir agi « dans l’intérêt de la sécurité nationale », a bombardé la base aérienne du gouvernorat d’Homs – d’où il prétend que les attaques chimiques seraient parties – de 59 missiles de croisière Tomahawk. Il a par ailleurs appelé « les nations civilisées » à agir pour faire cesser ce carnage. La télévision syrienne a quant à elle dénoncé une « agression » des Etats-Unis. Les tensions entre les deux camps s’exacerbent, les Etats-Unis évoquent la possibilité d’une attaque unilatérale… Il y a bien peu à espérer et tout à craindre, mais nous devons quoi qu’il en soit soutenir et aider à notre mesure ces populations en détresse.
Crédit Photo (grand écran) : Delil Souleiman / AFP

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