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Surexploitation des ressources et +4°C en 2060 : le futur selon l’OCDE

Prévision clé du rapport : la croissance démographique et la hausse du PIB par personne feraient quadrupler le PIB global d’ici 2060, entraînant dans leur sillage une augmentation de la consommation totale des ressources de 79 Gigatonnes en 2011 à 167 Gigatonnes en 2060.

Dans son dernier rapport, l’OCDE fait une estimation de l’usage des ressources de la planète en 2060. Censé être en phase avec l’augmentation du PIB, le monde qu’il prédit a de quoi faire peur. A cause de l’exploitation prévue des ressources, les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de plus de 50 %. Pour l’expert en stratégie carbone Hughes-Marie Aulanier, cela entraînerait une hausse de 4°C de la température et toutes ses conséquences dévastatrices pour le futur de l’humanité et la biodiversité actuelle.

Parmi les rapports que publie régulièrement l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), le Global Material Resources Outlook to 2060 se penche sur l’exploitation des ressources de la planète : métaux, minéraux, énergies fossiles et biomasse. Prévision clé du rapport : la croissance démographique et la hausse du PIB par personne feraient quadrupler le PIB global d’ici 2060, entraînant dans leur sillage une augmentation de la consommation totale des ressources de 79 Gigatonnes en 2011 à 167 Gigatonnes en 2060.

Dans un article, l’expert en stratégie carbone Hughes-Marie Aulanier met en garde contre le réchauffement climatique engendré : 4°C en plus ! Pour donner un ordre de grandeur des conséquences d’un tel réchauffement, rappelons que la température globale moyenne est de +5°C aujourd’hui par rapport à la dernière ère glaciaire…

Crédit Photo : Louis Hansel

Pourtant, l’OCDE appelle les décideurs à mettre en place des politiques additionnelles pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (max +1,5C). Pour l’expert, cette « schizophrénie apparente » provient d’une erreur majeure de l’OCDE : vouloir de la croissance sans prendre en compte les limites physiques de la planète, alors que les ressources sont déjà de plus en plus difficiles à extraire, comme le souligne la baisse de l’EROEI (l’énergie nette restante après avoir dépensé de l’énergie pour extraire la ressource), quand elles ne sont pas sous tension critique comme c’est le cas du sable.

« Le raisonnement de l’OCDE est complètement erroné : il présuppose une croissance du PIB, parce que c’est considéré comme souhaitable, alors que la hausse du PIB entraîne indubitablement des plus grands besoins en ressources qu’elles soient énergétiques, minérales ou autres. Il ne considère donc aucunement les limites physiques de notre biosphère et de notre environnement. Pire, il n’inclue pas dans son calcul l’énergie nette restante après avoir dépensé de l’énergie pour extraire une ressource grâce à l’EROEI. Pourtant, c’est cette énergie nette qui permet de faire tourner les machines de notre système. » Hughes-Marie Aulanier, Manager – Carbone 4

Encore plus préoccupant, le modèle de l’OCDE ne prévoit pas le coût des dommages liés au changement climatique sur nos sociétés. Les institutions comme l’OCDE ont tendance à beaucoup trop se reposer sur leur croyance au progrès technique pour résoudre tous les maux de nos sociétés thermo-industrielles. Ils espèrent dans le futur disposer d’une meilleure efficacité énergétique pour extraire les ressources, et d’outils de capture et stockage de CO2 plutôt que de s’atteler sérieusement à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Crédit Photo : Carlos « Grury » Santos

« Chez Carbone 4, nous avons une approche beaucoup plus pragmatique : prendre en compte les limites physiques de notre environnement et calculer leur impact sur l’activité économique. La transition bas carbone est une mutation systémique car on va devoir apprendre à se passer des piliers de notre civilisation actuelle : les énergies fossiles. Tout l’enjeu des exercices prospectifs est de le comprendre et l’anticiper. A partir du moment où l’on comprend que ce sont les éléments physiques qui pilotent l’activité économique, alors les limites de soutenabilité en termes de flux, stock de ressources extraites et de pollutions émises permettent de baliser le terrain de jeu « durable » de l’activité économique. » Hughes-Marie Aulanier, Manager – Carbone 4

Pourquoi le rapport de l’OCDE est-il inquiétant ? Pris isolément, il ne va pas imposer une marche à suivre aux gouvernements. En revanche, inclus avec le travail d’autres grandes institutions comme le FMI ou l’AIE, il participe à la création d’une perception de l’avenir bloquée sur le même logiciel de pensée : un libéralisme néoclassique, extractiviste et productiviste, qui nous mène droit vers l’effondrement.

Laurie Debove

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