Après Strasbourg, Grenoble a décidé de transformer ses boues d’épuration en biométhane grâce à la station d’épuration Aquapole. Le biométhane produit à partir des boues d’épuration est réinjecté dans le réseau de gaz naturel. 10 000 m³ de biogaz sont produits chaque jour par méthanisation réduisant le volume des boues de 30 à 35 %.

La station d’épuration Aquapole assure le traitement et la dépollution des eaux usées de 55 communes, soit 460 000 habitants et 88 millions de m3 d’eaux usées chaque année. Les eaux usées (domestiques comme celles de nos WC, et industrielles) et pluviales sont dirigées vers la station de traitement, épurées et rejetées dans l’Isère. Les boues issues de cette opération sont dirigées vers l’unité de méthanisation pour produire du biogaz.
Biogaz : Gaz produit par la fermentation de matières organiques en l’absence d’oxygène.
Biométhane : Gaz très riche en méthane provenant de l’épuration du biogaz.
La méthanisation des boues consiste à réaliser à l’échelle industrielle un procédé naturel et spontané de transformation de la matière organique en absence d’oxygène. Ce procédé, aussi appelé digestion anaérobie, consiste à stocker, brasser et à chauffer les boues (37°C : digestion mésophile) pendant une durée suffisante (plus de 20 jours) pour transformer une partie de la fraction organique en eau et en biogaz.

3 100 m3 de biogaz sont stockés sous une cloche métallique de 25m de diamètre, faisant d’Aquapole la plus importante unité de méthanisation des boues de Rhône-Alpes Auvergne. L’unité a coûté 13 millions d’euros. Le contrat d’exploitation et d’injection de biométhane dans le réseau a été délivré à Aquabiogaz, groupement composé de Degrémont, filiale de Suez, et Gaz Electricité Grenoble pour une durée de 15 ans. Aquabiogaz a investi 3 millions d’euros pour l’infrastructure permettant de transformer le biogaz en biométhane et l’injecter dans le réseau GRDF. Le biogaz issu du procédé de méthanisation des boues a deux utilisations : 8 GWh/an sont utilisés pour chauffer le site d’Aquapole et faire fonctionner le four d’incinération (grâce au biogaz, Aquapole n’utilise quasiment plus de fioul pour le four), et dans le réseau de gaz naturel où il est utilisé pour le chauffage urbain et pour faire rouler les bus équipés.
« A plein cela permettra de produire l’équivalent de la consommation de 2 500 foyers, ou de la consommation annuelle de 60 bus au GNV (Gaz naturel pour véhicule) ». Aymeric Leclerc, directeur d’Aquapole
– Coût : 13 millions d’€ HT pour les digesteurs, 3 millions d’€ HT pour l’injection au réseau
– 8 000 tonnes de matières sèches de boues traitées par an
– Production annuelle : 22 GWh de biogaz
– Tonnes de CO2 évitées/an : 1800 tonnes de CO2 (soit une réduction de 25% des rejets de gaz à effet de serre de la Régie Assainissement de la métropole grenobloise)
– Réalisation engagée depuis 2015 : méthanisation des boues de la station d’épuration
– Projet en cours avec première expérimentation depuis Début 2016 : injection du biogaz dans le réseau

Aquapole gagne 300 000 euros par an grâce à la vente du biogaz. Le bénéfice principal n’est donc pas dans cette vente mais dans les économies d’énergie réalisées. Nettoyer l’eau coûte très cher en énergie à la station : 3 millions d’euros par an. La revalorisation des boues d’épuration en biogaz permet à Aquapole de diminuer le coût d’incinération des boues et chauffer les bâtiments à la place du fuel, tout en réduisant son bilan carbone.
Photos : Laurie Debove

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