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Solidarité : FabriCommuns met en relation demandeurs et fournisseurs de matériel médical de protection

Cette plate-forme numérique met en relation les bénévoles qui produisent ou détiennent du matériel de protection avec les personnels soignants qui en ont besoin, gratuitement, en toute transparence et sans intermédiaire.

Parmi les milliers d’initiatives qui fleurissent chaque jour dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus, une nouvelle plate-forme internet, FabriCommuns, propose de mettre en relation les bénévoles qui produisent ou détiennent du matériel de protection avec les personnels soignants qui en ont besoin, gratuitement, en toute transparence et sans intermédiaire.

La pénurie de matériel médical

Depuis que l’épidémie de coronavirus a envahi notre territoire, la vie économique française tourne au ralenti. Les personnels soignants et les structures hospitalières sont en première ligne, tout comme les EHPAD, les ambulanciers, les pompiers et les policiers, qui doivent affronter de plein fouet la crise en travaillant plus que jamais. Mais comme chacun le sait, les moyens manquent.

Tous les jours, le pays est au bord de la pénurie généralisée de matériel médical. Masques, respirateurs artificiels, visières de protection, gants, blouses, produits désinfectants, médicaments pour réanimer les patients en soins intensifs : la consommation de ces équipements indispensables pour protéger soignants et malades a littéralement explosé depuis un mois et demi.

Pour vous donner une idée, dans un hôpital moyen touché par le coronavirus comme celui de Nancy, on consomme en moyenne 10 000 blouses par jour ; à l’hôpital du Mans, la lutte ininterrompue contre la maladie engloutit plus de 30 000 masques par semaine.

De son côté, l’État fait tout ce qu’il peut pour rattraper le retard cuisant dont il est le premier responsable, en exigeant que les sites de production tournent en permanence et en passant des commandes inédites à de gros pays producteurs comme la Chine ou l’Inde. Dès les premiers signes de pénurie, le gouvernement a également appelé la société civile à un sursaut de solidarité, auquel la population a massivement répondu.

De nombreuses personnes se sont mises à coudre des masques pour aider les personnes les plus exposées – Crédit : Kelly Sikkema

Les initiatives solidaires dans tout le pays

Depuis le début du mois de mars, les initiatives industrielles, collectives et personnelles se sont multipliées dans toutes les régions et dans toutes les couches de la société.

Des entreprises de textile, par exemple, ont reconverti en urgence leur chaîne de production et fabriquent désormais des masques : c’est le cas des ateliers de Tricots Saint James dans la Manche, ou encore de ceux de L’Ascenseur Confection dans le Nord.

Des masques de plongée Décathlon qui deviennent des respirateurs pour les malades ne nécessitant pas d’intubation ; des véhicules de courtoisie mis à la disposition des soignants par les concessionnaires ; des dizaines de millions de masques récoltés par des anciens élèves des grandes écoles comme HEC :

on ne compte plus les actes de solidarité qui semblent fleurir dans le pays avec la même vigueur que l’épidémie et prouvent une fois encore que la véritable force de la société se trouve dans le partage, l’association, la mise en commun.

Les nouvelles technologies ne sont pas en reste. De très nombreux réseaux d’entraide ont vu le jour sur la toile. La plupart d’entre eux se servent de solutions simples et rapides disponibles sur internet (Google Forms, feuilles de calcul, groupes Facebook), qu’ils améliorent pour mettre en contact fabricants et demandeurs de matériel médical.

Des centaines d’initiatives de ce type ont vu le jour sur la toile et émaillent désormais le pays d’un tissu associatif et bénévole local. Cagnottes, groupes d’entraide par département ou ville, aides ciblées, récupération de matières premières ou distribution de fournitures et de produits alimentaires, les actions et les gestes de solidarité ne manquent pas.

C’est le cas, par exemple, de Visière Solidaire, un réseau de « fablabs » (des laboratoires de création) qui mobilise les détenteurs d’imprimantes 3D et les met en relation avec le personnel soignant. Le principe est simple. Des modèles de visières sont publiés en open source, c’est-à-dire libres de droit. Les fablabs possédant des imprimantes 3D les récupèrent pour produire des visières de protection, qui sont ensuite envoyées aux hôpitaux, médecins ou personnels soignants qui ont passé commande au collectif.

Complètement décentralisée, cette méthode de partage permet de jouer la carte du local, étant donné que chaque « maker » envoie les visières aux personnes les plus proches du lieu de fabrication. À l’échelle du pays, les centaines de producteurs additionnés produisent des milliers de visières par semaine. Du beau boulot.

Le masque de plongée Decathlon transformé en respirateur, une idée qui a fait le tour de la toile

FabriCommuns, la mise en relation

Dans la même dynamique de partage de matériel et de connaissance, la plate-forme numérique FabriCommuns (https://fabricommuns.org/), tout récemment créée, figure parmi les meilleures initiatives du jour. Elle se propose de mettre en relation les bénévoles qui produisent ou détiennent du matériel de protection avec les personnels soignants qui en ont besoin, gratuitement, en toute transparence et sans intermédiaire.

Ce site internet a été construit à partir des outils préexistants de MakerNet, une plate-forme de fabrication distribuée que les développeurs ont adaptée à la situation, afin de fournir le plus rapidement possible une structure de partage numérique.

Page d’accueil de FabriCommuns

Comment fonctionne le site ? Les personnes en première ligne dans la lutte contre l’épidémie, alias les « demandeurs », formulent leurs besoins spécifiques dans une première rubrique. Ensuite, dans une seconde, les « bénévoles » peuvent proposer du matériel de protection à fabriquer ou déjà acquis, ou encore répondre ponctuellement à une demande laissée sans réponse.

Pour l’instant, il revient au fabricant de s’arranger avec le demandeur pour organiser le transport des produits, mais à terme, l’association qui développe le site internet prévoit de créer une rubrique spécialement consacrée au transport, dans laquelle les bénévoles pourront entrer leurs disponibilités.

Enfin, très prochainement, il sera possible à tout un chacun de faire des dons ponctuels : matières premières, matériel médical, produits de première nécessité, disponibilités de transport, ou argent, qui seront dans un second temps redistribués aux structures demandeuses, selon un ordre des priorités (hôpitaux, médecins et infirmiers, puis structures semi-hospitalières,  personnels non soignants exposés, etc.).

Comme nous l’explique Pierre-Alexis Ciavaldini, un membre du collectif FabriCommuns que nous avons contacté, « cette crise est sans précédent. De ce fait, on ne sait rien de ce dont ont besoin les personnes qui combattent de front l’épidémie. La plate-forme que nous mettons en ligne offre la possibilité aux structures et aux particuliers d’émettre des besoins précis auxquels nous cherchons à apporter des réponses ciblées. »

Au fur et à mesure des prochains mois, la plate-forme FabriCommuns est destinée à évoluer en fonction des besoins du terrain, à s’adapter presque en temps réel aux besoins.

 « Tous les objectifs de développement sont dictés par le terrain. C’est ce qu’on appelle le lean development, une stratégie qui consiste à fonder une boucle de développement sur un retour régulier des utilisateurs. On prend la température et on adapte nos objectifs. »

Gratuite, collaborative, sans profit, FabriCommuns propose également des liens vers la documentation disponible sur le site MakerNet, qui contient des guides de fabrication, pour celles et ceux qui voudraient se lancer dans la conception de matériel médical de protection.

« Depuis le début de la crise, nous indique Pierre-Alexis Ciavaldini, on s’est dit qu’il fallait une plate-forme pour coordonner les efforts bénévoles dispersés. Il manque un site qui soit flexible et puisse s’adapter continuellement aux nouveaux besoins. »

Dans une perspective plus générale, la plate-forme répond à une volonté de décentraliser internet pour le transformer en un espace participatif de création et de partage. « Avec MakerNet comme avec FabriCommuns, nous aspirons à élaborer des communs, à travers lesquels tous ceux qui le veulent pourront s’investir dans un processus de création ou de fabrication », conclut notre interlocuteur.

Augustin Langlade

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