Le train des primeurs transporte 400 000 tonnes de fruits et légumes chaque année entre Perpignan et Rungis. Menacé de suppression, l’arrêt de son activité mettrait plus de 25 000 poids lourds sur les routes pour le remplacer. Face à l’enjeu économique et écologique, la mobilisation pour préserver cette ligne ferroviaire bat son plein.
Depuis 2007, le train des primeurs approvisionne quotidiennement le marché de Rungis. Le contrat des transporteurs, Roca et Rey, avec la SNCF arrive à terme ce 30 juin 2019. Seulement, il pourrait ne pas être renouvelé faute d’un accord entre les différentes parties, à cause de l’ancienneté des 82 wagons réfrigérés qui doivent être remplacés. La location de wagons neufs coûterait trop cher aux transporteurs.

La suppression de ce train ajouterait chaque jour 250 poids lourds supplémentaires sur la route pour continuer à approvisionner le MIN de Rungis en fruits et légumes selon le collectif des cheminots communistes. Ce dernier a initié une pétition le 7 mai pour défendre le dernier train de fruits et légumes encore actif.
« C’est un scandale absolu et un drame sanitaire alors que déjà chaque année plus de 48.000 personnes décèdent de la pollution en France, dont plus de 15.000 en Île-de-France. Alors que la plate-forme multimodale de Perpignan-St Charles, qui a coûté près de 40 millions d’euros aux contribuables, demeure à ce jour sous exploitée. De l’autre côté, le MIN de Rungis, qui a fait l’objet de plus de 20 millions d’euros d’investissements en 2008/2009, dont 12 par le Conseil Départemental, pour moderniser la gare de Rungis, s’apprête à voir disparaître définitivement le train. Cette décision est un non-sens écologique, économique et social. » Collectif Sauvons le Perpignan-Rungis
Face à l’enjeu économique et écologique, Stéphane Layani, PDG de la Semmaris en charge de la gestion du marché d’intérêt national de Rungis (MIN) a déclaré à Le Parisien être prêt à investir 300 000€ à destination des transporteurs, Roca et Rey. Cette somme leur permettrait de louer les trains neufs de la SNCF pendant un an ou deux, le temps de trouver une solution plus pérenne. Il pense notamment à une solution de transports combinés comme des conteneurs de camions posés sur les trains. De plus, la fermeture de la ligne pourrait aller à l’encontre du projet d’autoroute ferroviaire entre Barcelone et Rungis pour lequel l’UE a investi 13 millions d’euros. Il manque encore 20 millions d’euros pour mener le projet à bien, et le maintien de la ligne Perpignan-Rungis pourrait rassurer d’autres potentiels investisseurs.

Les élus se sont également mobilisés, comme comme le député de la France Insoumise François Ruffin ou Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, qui a demandé aux acteurs du dossier de trouver une solution pour maintenir cette liaison de fret. Même le gouvernement s’y est mis. Sur LCI, la Ministre des transports Elisabeth Borne a expliqué qu’elle souhaite rassembler cette semaine « les acteurs concernés pour qu’on trouve une solution pour que ces marchandises ne se retrouvent pas sur la route. »
Autre problématique : le sillon, créneau d’utilisation de la ligne ferroviaire, a été bloqué jusqu’à fin 2019 mais la SNCF attend encore la réservation pour Janvier 2020. Le prochain mois sera déterminant pour le futur du train des primeurs.
Crédit photo à la une : RAYMOND ROIG / AFP