En mai 2025, l’association Canopée et quelques habitants de Creuse étaient parvenus à stopper une coupe rase sur la commune de Mourioux-Vieilleville. Le 22 octobre, la coupe a repris sous protection policière pour empêcher les habitants de protéger la forêt.
Les gendarmes en renfort
En alertant sur la présence de chauves-souris, les habitats et l’association Canopée avaient contraint un entrepreneur de travaux forestiers, sous-traitant de la coopérative Alliance Forêts Bois, à mettre en pause le chantier afin d’éviter des poursuites pour destruction d’espèces protégées.
Depuis, l’association Canopée constate l’absence de dialogue avec la coopérative Alliance Forêts Bois et les pouvoirs publics. Pire, le mercredi 22 octobre, le moteur d’une abatteuse vrombit à nouveau dans ce bois peuplé de diverses essences de feuillus.
La coopérative forestière a décidé de poursuivre la coupe, mais également de faire de la reprise du chantier un événement rassemblant des acteurs de la filière bois ainsi que des élus locaux, des membres de la FDSEA – branche départementale de la FNSEA – et de la Coordination Rurale, et même la préfète de la Creuse Anne Frackowiak-Jacobs. Le tout sous bonne garde de nombreux gendarmes.
« C’est un passage en force, sans prévenir aucun riverain », estime Bruno Doucet chargé de campagne « forêts françaises » de l’association Canopée. « Au contraire, les riverains qui habitent le hameau juste en face n’ont pas eu le droit de participer à la visite qu’Alliance Forêts Bois avait prévu : ils ont été refoulés par la police. Certains ont même été intimidés ».
Arrivé sur place le lendemain, Bruno Doucet tente à plusieurs reprises de joindre par téléphone des représentants de la coopérative, sans succès. Un chargé de production d’Alliance Forêts Bois venu sur le chantier évite également la discussion : il salue rapidement le salarié de Canopée avant de s’enfoncer dans les bois, le pas pressé.
« Cette espèce de brouillard dans lequel on nage est intolérable », déplore Bruno Doucet. « Les gens sont en colère vis-à-vis des coupes rases : et qu’est-ce qu’Alliance Forêts Bois trouve à leur répondre ? C’est “passage en force : circulez il n’y a rien à voir. Amenez la gendarmerie pour dégager les gens” ».
Des habitants hostiles aux coupes rases
Pendant ce temps, sous la pluie et l’œil des forces de l’ordre, quelques habitants se rassemblent devant la parcelle. Eux aussi dénoncent le manque de dialogue. Deux semaines plus tôt, ils étaient plus d’une centaine à se réunir sur la commune de Saint-Éloi, à quelques kilomètres de là, pour dénoncer les coupes rases et accueillir chaleureusement le passage de l’association Canopée.
« On est contre cette gestion forestière délétère pour l’environnement et pour la santé humaine », témoigne un habitant. « Il y a des gens qui ont pris une journée de congé pour être ici. Ce qu’il serait bien, c’est qu’on nous écoute et qu’on fasse respecter la loi ».
De son côté, Alliance Forêts Bois assure respecter la réglementation, affirmant à La Montagne avoir pris « un certain nombre de précautions pour limiter les impacts à la biodiversité, en particulier, le fait de conserver ce qu’on appelle des arbres habitats ». Un changement d’attitude permis par la mobilisation citoyenne.
Selon la coopérative, plus de 70 arbres habitats devraient être préservés : un nombre à mettre en perspective avec la surface coupée, près de 7 hectares.
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