« Tous le monde déteste la sélection », « J’ai mon Bac, je choisis ma Fac ». Un appel au rassemblement avait été lancé par les syndicats de lycéens, d’étudiants et de professeurs ce jeudi 1er février contre la nouvelle réforme de la sélection à l’université. Si les blocages de lycées ont été compliqués et parfois violents, comme à Massy où la police est intervenue à coup de grenades lacrymogènes sur des lycéens, les grandes assemblées générales organisées dans les universités ont été une réussite pour cette première journée de mobilisation.
Depuis cette année, le système de sélection post-bac avec le logiciel APB (Admission Post Bac) a connu des changements assez importants, notamment avec l’introduction de Parcoursup’, cette fiche qui essaye de synthétiser toutes les propriétés scolaires d’une personne, notes, bulletins scolaires, projet d’orientation, lettre de motivation… Plus qu’une simple synthèse, cette fiche sera aussi un des critères principaux pour sélectionner les candidats en licence. Avant, lorsque la demande en licence dépassait le nombre de places proposées, c’était le tirage au sort qui départageait les étudiants. A partir de cette année, ce ne sera plus le cas. Les universités seront alors amenées à trier les candidats.
C’est contre cette réforme que les 10 000 manifestants parisiens, selon les syndicats (2 400 selon la police), sont descendus dans la rue, au pied de la Sorbonne, dans le 5ème arrondissement. Et leur demande est légitime. Comment accepter qu’on mette fin à une égalité d’accès à l’enseignement supérieur en créant, de facto, de bonnes et de mauvaises licences, et en instaurant une compétition entre les élèves. De plus, comme le souligne une manifestante : « cette réforme va créer une discrimination ». Et en effet, cette mesure va installer des critères de « distinction », pour reprendre les termes du sociologue de Pierre Bourdieu, entre les élèves.
Crédits : France 3 Rhône-Alpes [Capture d’écran]
Qui a le meilleur projet professionnel ? Qui a la meilleure lettre de motivation ? Voici les questions que seront amenés à se poser les universités pour choisir leurs étudiants. Pourtant, comment peut-on critiquer un élève qui ne serait pas encore fixé sur son avenir à 17 ans ? Comment peut-on blâmer un jeune qui n’écrierait pas une lettre de motivation parfaite car on ne lui a jamais vraiment appris et qui n’a pas de personnes dans son entourage qui peut l’aider ? Tant de questions que cette réforme soulève mais qu’Emmanuel Macron et son gouvernement balaient d’un coup de main. Aux favorisés, les privilèges et l’assurance d’un avenir ensoleillé, aux démunis, la galère et la perspective d’un futur pluvieux.
C’est contre cette idée peu grisante que les manifestants ont défilé dans les rues parisiennes. L’ambiance, comme nous le rapporte cette manifestante était « bon enfant » voire « festive » même si « ça manquait un peu de musique ». Cependant celle-ci déplore qu’il n’y ait pas plus de personnes, elle pensait que « ça mobiliserait plus de monde ». Et pour cause, les lycées ont peu bloqué et lorsqu’ils ont essayé, cela n’a pas toujours réussi, empêchant nombre de lycéens de se rendre à la manifestation.
Sur le parcours, les slogans fusent et quelques fumigènes colorés sont craqués. Auparavant, une minute de silence avait été respectée en hommage à Léo, jeune étudiant grenoblois de 18 ans qui s’est récemment suicidé en apprenant que ce projet de loi interdisait le redoublement en PACES. Une autre journée nationale de mobilisation est prévue pour le 6 février. On espère, dans les syndicats et les mouvements autonomes, que le mouvement social prendra de l’ampleur.
Crédits photo de couverture : Shutterstock.com
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