Dans une lettre ouverte destinée à la communauté végane, un éleveur n’a pas caché son indignation. Excédé par les « méthodes extrémistes illégales » des végans, il souligne l’importance de l’élevage pour la préservation de l’environnement.
Ce mardi, les défenseurs de la cause animale s’étaient mobilisés. En France, à Pézenas, une manifestation était organisée devant l’abattoir, qui, un peu plus tôt, avait été l’objet des diffusions de L214. Au même moment partout dans le monde, des mouvements de protestation initiés par l’association 269 Life avaient lieu partout dans le monde pour revendiquer l’égalité entre l’homme et l’animal.
Pourtant, ces protestations ont cette fois provoqué la colère d’un éleveur de l’Hérault, membre de la Coordination rurale 34. Dans une lettre ouverte, il explique pourquoi le combat des végans et des anti-spécistes l’excède. Se considérant lui-même comme un défenseur de la cause animale, il dénonce les amalgames faits entre les « pratiques barbares » qui ont lieu dans les abattoirs et l’élevage en lui-même. Le prosélytisme végan serait même selon lui une sorte de non-sens environnemental dans la mesure où la paissance (le fait de paître) permet de préserver l’environnement.
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En somme, loin de lui l’idée de défendre l’élevage intensif ou la cruauté des abattoirs, mais seulement de faire valoir l’importance du métier d’éleveur pour le bien commun à l’heure où la crise de cette filière pousse un agriculteur au suicide tous les deux jours… Bien que sa lettre permette en effet de relativiser le « tous pourris », ou le « tous végans », on peut toutefois interroger les prétendues « méthodes extrémistes illégales » qu’il dénonce.
« Madame, Monsieur, vous défendez la cause animale dites-vous, et je la défends aussi.
Or, je défends aussi mes collègues agriculteurs, ceux dont la profession est de nourrir les Hommes. Car sans nourriture point n’est besoin de médecin, de psy et des autres professions. Aujourd’hui, un agriculteur se suicide tous les deux jours, soit près de 200 paysans par an… Juste pour que les Français puissent manger à leur faim !
N’oubliez pas que sans l’élevage, ce sont les estives ou paissent des vaches, des moutons et des chèvres qui disparaîtront. Il faudra dire adieu aux joies de la glisse en hiver et faire face à un risque accru d’avalanches. De même, les garrigues privées des chèvres et des brebis Lacaune ou Mérinos,s’embroussailleront et feront la part belle aux flambées estivales, lesquelles n’épargneront pas nos maisons…
Il vous restera, mesdames et messieurs les « végans », à aller brouter l’herbe du mont Lozère et du plateau du Cantal, car sans les Aubracs qui y paissent, ces espaces, où seule l’herbe peut pousser, deviendront une jungle. Et je ne parle pas de la place essentielle des animaux dans le cycle de la vie organique terrestre !
Lorsque vous défendez les animaux des brutalités de certains individus, lorsque vous vous battez contre la surpopulation « carcérales » de certains élevages, vous avez là toute ma considération. Le bien-être de mes animaux est ma préoccupation quotidienne. Mais que vous vouliez imposer par des méthodes extrémistes illégales vos points de vue sur la consommation de viande, et sur la vie sans animaux domestiques, cela dépasse les bornes.
Alors oui, je partage sans honte le slogan de mon syndicat :
POUR SAUVER UN PAYSAN, MANGEZ UN VÉGAN !
François FERDIER, Coordination Rurale de l’Hérault
En effet, il nous semble que les appels à réduire notre consommation de viande ou à la rendre plus responsable (notamment en faveur des éleveurs de proximité, respectueux du bien-être animal) voire à l’arrêter complètement – c’est peut-être sur ce point que l’éleveur s’indigne – vont davantage dans le sens des intérêts des éleveurs. La crise que connaît la filière agricole en France est bien loin d’être due à la mobilisation des végans mais bien plutôt à l’agriculture intensive qu’il dénonce lui-aussi !
S’il dénonce donc la confusion chez la communauté végane, nous pouvons dire qu’il en fait tout autant en se trompant d’adversaire : c’est davantage contre les méfaits de l’agriculture intensive que pointe le combat des végans, combat qui mériterait d’ailleurs d’être rejoint par les petits exploitants qui peinent à sortir de la crise du fait de la difficulté à être compétitif face aux rendements de la souffrance animale…

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