Le 20 juin dernier, la Cour européenne des droits de l’Homme a tranché l’affaire concernant les lois interdisant la soi-disant « propagande homosexuelle » et a considéré ces dernières comme de graves entraves à la liberté d’expression. L’Etat russe a donc été condamné à verser plus de 48 000 euros en réparation des préjudices subis par les différents requérants. L’occasion de revenir sur la problématique de la protection des droits des personnes LGBTIQ+ en Russie et dans le monde, où leur situation est toujours précaire.
Des lois homophobes en Russie
En 2006, la Russie avait adopté une loi sur « la protection de la moralité des enfants », ayant pour objectif de prévenir les activités publiques de « promotion » de l’homosexualité auprès des mineurs. Après qu’un jeune homme – le requérant – activiste en faveur des droits des personnes LGBTIQ+ a manifesté devant une école dans la province de Ryazan, ce dernier a été condamné pour avoir violé les lois russes en matière de « protection de l’enfance ».
La Cour européenne a fermement condamné les agissements de la Russie qui entendait « protéger les enfants contre l’exploitation et la perversité sexuelle ». Une défense qui dépasse l’entendement et qui a été sévèrement balayée par la Cour de Strasbourg qui relève de graves privations de la liberté d’expression des requérants, injustifiées par rapport aux « objectifs » poursuivis par le gouvernement russe. Si la Cour accepte de laisser une large marge d’appréciation aux Etats concernant des sujets de société ou concernant lesquels aucun consensus n’existe à l’échelle européenne, elle relève que rien ne démontre que des manifestations pacifiques en faveur des droits des homosexuels remettent en cause le modèle traditionnel familial porté par la Russie.
La situation des LGBTIQ+ toujours précaire…
L’homosexualité, la bisexualité et la trans-identité sont encore vues comme des comportements déviants par les autorités russes, qui ont consacré ces discriminations dans la loi. Le jeune homme, Nikolay Viktorovich Bayev, après avoir épuisé tous les recours juridiques, avait introduit un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg suite à sa condamnation.
Mais ces lois ne font malheureusement pas figure d’exception au sein de l’appareil législatif russe, tristement connu pour son homophobie et ses idées très conservatrices en matière de sexualité et d’organisation de la famille. Jusqu’en 1999, l’homosexualité figurait toujours au rang de « maladie mentale » et aujourd’hui, les hautes juridictions moscovites « craignent » toujours que la visibilité des minorités sexuelles remettent en cause l’organisation traditionnelle de la famille et crée « une impression déformée d’équivalence sociale entre les relations maritales traditionnelles et non traditionnelles » en orientant « les enfants sur la voie des relations sexuelles non traditionnelles ».
Aux portes de la Russie, en Tchétchénie – membre de la Fédération de Russie – la répression se fait de manière plus violente encore. Une vaste chasse à l’Homme a été lancée à travers le pays et le gouvernement organise des enlèvements, des séquestrations et la torture des homosexuels. Des exactions qui se déroulent sous les yeux du gouvernement, membre du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’Homme. Alors que la Novaïa Gazeta – journal indépendant russe – dénonçait cette purge anti-gay, le porte-parole du gouvernement tchétchène, Ali Karimov annonçait que l’on « ne pouvait pas arrêter ou réprimer des gens qui n’existent pas dans la République. L’homosexualité n’existe pas ici (en Tchétchénie) ».
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