Avez-vous donné à votre été des airs de nouveautés ? Les voyages reposent et peuvent nous faire vivre l’exceptionnel, le rare, mais ils ont aussi le pouvoir de nous projeter dans une réalité que nous souhaitons. Les conter, ce n’est pas simplement penser le storytelling qu’on en fera à la rentrée mais bien se préparer à mener son âme en voyage. Loin de compter les jours, on vous invite à conter votre séjour tout au long de l’année sur les pas de son intuition et de sa valise sensorielle.
Définir ce qui guide vos pas
Partir un jour sans retour, c’est une espèce de ritournelle qui parfois nous tiraille. Pourtant le quotidien est là et la vie reprend son cours, la rentrée arrivant. Un séjour qui rime avec expérience permet de tester les transformations que nous voulons opérer dans notre vie : changer de travail, construire sa prochaine habitation, expérimenter ou juste observer un art ou un artisanat qui nous a toujours attiré, se renseigner sur d’autres modes d’éducation ou de démocratie, peaufiner sa culture générale sur un thème qui nous fait vibrer…
Finalement c’est davantage quand l’esprit est libre qu’on peut faire de la place pour la nouveauté qu’on veut installer à la rentrée. Pour cela, prendre un temps en amont de votre départ pour poser l’intention de vos vacances et les trois sujets que vous voulez explorer. Et le plus difficile, c’est de choisir ! Si vous êtes plusieurs, mettez-vous d’accord, pour rendre l’itinérance plus facile sur le terrain.

Avec mes deux comparses, un mois avant le départ, la thématique Art & Territoire a émergé après une discussion posée sur papier. Les mots-clés qui nous ont menées pendant nos voyages ont été : ancrage territorial, artistes et artisanat !
Raconter son expérience
Savoir quelles traces nous voulons garder de ces moments de pause peut aussi nous permettre de mieux savoir ce qui guidera nos pas. Au-delà de notre mémoire, les photos, l’écrit, le dessin, l’art ou la cueillette sont autant de formats possibles pour constituer le récit de nos vacances, qui n’est autre que le récit d’un bout de notre vie. Et cela est valable pour notre vie quotidienne aussi, on se presse souvent sur les réseaux sociaux sans donner un sens à nos contributions. Or en y trouvant un sens pour nous (pas pour les autres), on confère à ces temps de narration une valeur personnelle bien plus importante.
Selon Hélène, une des amies avec qui j’ai baroudé cet été :
« Pour guider son intuition, il suffit de savoir comment on a envie de raconter notre séjour. C’est important de savoir raconter une histoire. Une fois que nous avons défini nos intérêts prioritaires en se donnant des contraintes de formats, de couleurs ou de lieux, sans effort apparent, son œil et son « flair » seront aiguisés et nous observerons dans la réalité naturellement ce que nous avons choisis. Nous voyons ce que nous avons décidé de trouver ! »
L’important est donc de choisir ce sur quoi on a envie de s’arrêter, comment on a envie de le raconter pour profiter au maximum de l’expérience. Par exemple, choisir de prendre des photos, non pas à la volée, mais thématiques (plantes, architecture, belles portes ou cadrage original), écrire chaque matin un passage de la journée précédente, récolter des végétaux sur les chemins de nature que nous traversons sont autant d’archives de nos expériences qu’il sera bon de retrouver à la rentrée et qui viendront illustrer l’histoire sensorielle que nous avons vécue.

Petite distinction de taille, raconter ne veut pas dire diffuser ! Libre à vous de trouver ensuite le format adéquat si vous avez à cœur de partager votre expérience : réseaux sociaux, articles, exposition photos… C’est un bon moyen aussi de vous retrouver avec vos compagnons pour poursuivre la réalisation des traces de votre séjour. Car bien après, votre quotidien pourra venir l’enrichir, le nourrir et l’amplifier.
Le chemin, c’est déjà le voyage
Prendre le trajet comme une phase d’immersion dans votre expérience est un bon moyen de faire descendre la pression en douceur. Au lieu d’y aller d’une traite, on peut se donner le temps de se diriger tranquillement vers son point de chute, en s’autorisant même à faire de légers détours invités par son intuition. Votre programme : conduire trois heures par jour et profiter du temps restant pour vous reposer et juste profiter du fait que vous êtes là, présent, libre et en vacances.
Profitez de ces jours de transit pour laisser votre esprit divaguer, sans pression d’actions, de résultats ou d’objectifs. Lui laisser l’espace suffisant pour qu’il se vide du quotidien et du rythme dans lequel il est habitué à fonctionner. Pour cela, inviter les pensées à venir puis s’en aller, ralentir et juste observer en goûtant aux choses simples : bien dormir, bien manger, marcher pour libérer les pensées et vous baigner pour apaiser l’agitation. Car préparer ses sensations à être éveillées, c’est convenir de laisser à son corps, son âme et son esprit l’opportunité de se (re)mettre d’accord.

Sur notre chemin, nous avons démarré par footing et marche pour se décrasser, un peu de yoga et de méditation pour faire le vide puis Marine, l’autre acolyte du trio, avait repéré un des ‘plus beaux villages de France’ qui se trouvait sur notre trajet. Nous nous sommes arrêtées en Auvergne à Usson, ville de la Reine Margot, pour une nuit chevaleresque en camping sauvage, invitées par les habitants !
Nourrir son imaginaire en se donnant des temps d’exploration
Notre imagination, relativement frustrée dans notre quotidien, a besoin d’être encouragée pendant nos temps de relâche. Pour autant, il n’est pas question de changer ses habitudes, garder ses rituels quotidien, le café filtre et tartine beurre-chocolat matinal à la série TV le soir en dégustant sa bien bonne madeleine de Proust qui passe tranquillement les années sans vaciller. Une fois ces socles bien ancrés, il vous suffira de prévoir des temps où vous répondrez à ce qui vous appelle. Définir un moment dans la journée où vous ferez l’éloge de votre curiosité en toute oisiveté !

Ces phases vont vous permettre de nourrir votre imaginaire, de vous donner des idées, de prendre un bon bol d’inspiration. Pour que ces moments de magie opèrent, il faut que vous ayez du temps, ce n’est pas entre deux courses et en pleine recherche de logements pour le soir-même que vous serez disponibles et à l’écoute d’une nouvelle histoire de vie. Pour cela, il faut structurer ces espaces pour pouvoir se laisser embarquer.
Par exemple, si vous souhaitez rencontrer des céramistes et vous intéresser à la pratique : donnez-vous un laps de temps par jour (exemple 3h de 14h à 17h), définissez un lieu et baladez-vous à la découverte de ces artisans, si vous n’en trouvez pas, l’heure arrivant vous passez à autre choses, à l’inverse, un contact s’établit, vous avez du temps pour tirer le fil de cette rencontre et vous donner la possibilité d’aller plus loin dans la relation qu’une simple visite de boutique. Planifier avec votre groupe et vos compagnons le temps « libre » où l’oisiveté a toute sa place.
Passer à l’action
Votre imaginaire bien nourri, les idées filent et vous avez soudain envie de vous transformer en potier professionnel. C’est le moment où le laps de temps que vous avez défini auparavant qui peut se transformer en espace d’expérimentation : trouver un stage, participer à un chantier participatif si construire votre habitat est votre nouvelle préoccupation ou tout simplement vous mettre seul à écrire, dessiner, peindre, sculpter. Cette phase est l’étape du FAIRE.


Ô combien difficile à mettre en œuvre, nous avons tendance à fuire et se réfugier dans la contemplation, la rencontrer, l’autre. C’est un retour sur soi nécessaire, libérateur et incroyablement fertile si on lui laisse du temps. Au début, on ne sait pas, on navigue à vue, on se lasse, on a envie de passer à autre chose, puis les jours passant, on prend goût à ces instants de création qui font vibrer notre singularité.
Si nous devions décrire la plus grande difficulté de notre séjour, c’est bien celle de prévoir des temps d’expressions pures. Tellement habituées, pour ne pas dire conditionnées, à observer, regarder, décrire, analyser, nous oublions que nous avons tous en nous cette capacité à créer. Donner du temps à cette part n’est pas chose facile… Mais nous l’avons pourtant fait ! Et au menu, des créations instantanées, salvatrices et ressourçantes !
Finalement, lors de vos vacances, cette intention d’être dans un laboratoire personnel est peut-être déjà ancrée dans vos habitudes, mais en prendre conscience et voir comment on peut agir dessus peut nous donner encore plus de liberté pour explorer des envies nouvelles.
Savoir « designer » ses vacances, c’est aussi se préparer à mieux manager sa vie pour qu’elle réponde à nos envies, des plus pragmatiques aux plus folles. Pour cette rentrée, au rythme de petits pas, veillez à ne pas commencer sur les chapeaux de roue, travail en tête, mais aussi à prévoir d’intégrer des temps pour définir, nourrir et faire. Ce beta-test des vacances réussi, voyez plus loin, sur un trimestre peut-être ? Sans prévoir l’abonnement à l’année ou la résolution qui porte son nom uniquement pour nous mettre la pression. A vous d’aborder cette rentrée sur une nouvelle donne : sortir de l’éternel spectateur-consommateur pour devenir l’exploration-acteur qui sommeille en vous.
Article inspiré d’une épopée amicale partagée avec Hélène Vuaroqueaux et Marine Mellado.