Il existe 208 métros dans le monde dont environ 60 en Europe. Mais que sait-on de la qualité de l’air dans les tunnels où habite cet animal souterrain vendu comme une alternative écologique aux polluantes voitures ? Une récente enquête du Monde dénonce l’exposition des usagers et travailleurs du réseau métropolitain parisien à des concentrations de particules fines bien supérieures à celles de l’air extérieur.
Les particules fines, qu’est ce que c’est ?
Les particules fines, ce sont des microparticules de 0,25 micromètres de diamètre et qui flottent en suspension dans l’air. La définition est un peu tautologique direz-vous : des particules de quoi ? Certaines sont naturelles, comme les pollens par exemple, et d’autres produites par l’activité humaine : la circulation automobile (environ 50% des émissions en milieu urbain), les combustions diverses et variées, la production industrielle. L’ensemble de cette catégorie hétéroclite que sont les particules fines a été déclaré cancérogène en octobre 2013 par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). Leur taille leur permet de pénétrer très loin dans le système respiratoire, jusque dans les alvéoles pulmonaires.
Ces particules fines, principalement émises en ville par le trafic routier, sont mises en cause dans le développement de cancers et sont parfois présentes dans des concentrations tellement hautes qu’elles en deviennent visibles ; le smog londonien en est l’exemple le plus fameux. Seulement dans l’air du métro, elles sont le plus souvent invisibles. Et pourtant, depuis le début des années 1990, des chercheurs se sont penchés sur la qualité de l’air que les usagers du métro respirent chaque jour, la première étude réalisée concernant le métro de Boston. A ce jour, environ 115 études ont été réalisées sur différents systèmes métropolitains dans le monde, ce qui permet de constituer une base de données suffisante pour tirer des premières conclusions.
Une prise de conscience graduelle de la pollution de l’air dans le métro
Le métro c’est presque 14 000 km de lignes, 120 millions de voyageurs par jour (dont 4,1 millions rien que pour le métro parisien). Depuis 1970, le nombre de métros a été multiplié par 4,5 ! C’est donc un système en pleine expansion, expansion que l’on peut relier à une urbanisation croissante et l’essor d’un mode de vie essentiellement citadin, puisque selon un rapport des Nations Unies, depuis 2014 la moitié de la population mondiale est citadine.

Il était donc grand temps de faire la lumière sur la qualité de l’air que respirent les centaines de millions d’humains concernés, les travailleurs les premiers ! La récente étude du Monde estime que les 28 000 salariés réguliers travaillant sur les lignes en tant que conducteurs de rames, agents de recette et de contrôle, policiers, commerçants, sont exposés à « des taux mortels » de particules fines. Patrick Rossi, secrétaire de la FGTE, responsable de la santé au travail et conducteur de métro à Marseille a écrit en juin à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, pour réclamer une baisse des seuils d’exposition autorisés, sans obtenir la moindre réponse. « Il y a un déni des pouvoirs publics, comme avec l’amiante. On sait qu’il y a des dégâts humains mais on ne fait rien. », déplore-t-il.
Sont mis en causes le système de freinage (électromagnétique ou à plaquettes), et le système de ventilation. Une grande partie des particules fines provient des roues (qui peuvent être en gomme ou en métal), du réseau électrique et des rails du métro, ce qui fait que l’on y retrouve souvent du fer. D’autres particules viennent des pierres utilisées comme ballast, et tout ce petit monde voyage par rafales au gré des forts déplacements d’air qu’occasionne le passage d’une rame, accompagné de toutes les bactéries déjà présentes dans l’air. Tout un monde merveilleusement toxique qui transite invisiblement avec les usagers le plus souvent tout à fait inconscients de ces dangers.
Chaque station est unique, chaque relevé aussi
La principale difficulté à laquelle se heurte la recherche dans ce domaine est que chaque rame et chaque station est différente, ce qui fait que les taux que l’on y relève varient toujours en fonction des matériaux utilisés, de la profondeur de la station, de sa date de construction, du type de ventilation utilisé, de la présence ou non de portillons séparant la voie du quai… En bref, il faut une étude sur mesure pour chaque système métropolitain, voire chaque station, ce qui rend la tâche complexe.
Ainsi à Santiago du Chili par exemple, les concentrations en particules fines sont inférieures dans l’air des tunnels du métro que dans l’air extérieur. Et c’est l’exact inverse pour Barcelone comme pour Paris. Le slogan 2017 de la journée du Transport public a alors de quoi esquisser un sourire ironique : « Choisir les transports public, c’est préserver l’air que vous respirez ».

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