Maison d’édition et média indépendants, sans actionnaire et sans pub, financés par la vente de nos livres

« Réparer les objets du quotidien » un secteur permettant de créer 200 000 emplois

Selon un rapport récent présenté au Parlement européen par l’eurodéputé EELV Pascal Durand, une meilleure valorisation des filières de réutilisation et de réemploi pourrait contribuer à la création de 200 000 emplois dans toute l’Europe. Le texte, qui vise à lutter contre l’obsolescence programmée et la consommation aveugle, pourrait être la première pierre d’une réglementation […]

Selon un rapport récent présenté au Parlement européen par l’eurodéputé EELV Pascal Durand, une meilleure valorisation des filières de réutilisation et de réemploi pourrait contribuer à la création de 200 000 emplois dans toute l’Europe. Le texte, qui vise à lutter contre l’obsolescence programmée et la consommation aveugle, pourrait être la première pierre d’une réglementation européenne pour une durée de vie plus longue des produits.

L’obsolescence nous entoure

Nous l’évoquions dernièrement dans nos lignes à l’occasion d’une enquête de Greenpeace, l’obsolescence programmée est le mal de notre siècle : sous des formes variées (produits intentionnellement fragiles ou irréparables, renouvellement trop rapide des versions logicielles ou même de l’apparence), elle encourage à la consommation, entretenant un rapport au réel et aux autres superficiel car fondé sur l’éphémère.

En plus de susciter notre irritation quand notre téléphone flambant neuf ne s’allume plus après une année d’utilisation, l’obsolescence programmée façonne notre inconscient ; bien qu’éveillés sur le sujet – 92% des Français « seraient convaincus que les produits électroménagers ou high-tech sont volontairement conçus pour ne pas durer » – nous nous laissons porter par le modèle.

L’obsolescence a également un impact considérable sur notre économie : à force de remplacer les produits plutôt que de les réparer, toute la filière de la réparation est aujourd’hui en danger. Le rapport évoqué plus haut fournit quelques illustrations de cette tendance : au Pays-Bas, 2 000 emplois ont disparu dans le secteur de la réparation depuis 2010, tandis que le nombre de réparateurs a baissé de 16% en Pologne en seulement deux ans.

Le réemploi et l’emploi

Pourtant, le rapport présenté au Parlement se veut optimiste. Il se fonde tout d’abord sur une volonté apparente des citoyens européens de favoriser le réemploi et la réutilisation (à bien distinguer du recyclage, beaucoup plus lourd en temps et en matériel). Sont ainsi citées des études de l’Eurobaromètre, qui indique par exemple que 77% des citoyens européens « préféreraient réparer leurs biens plutôt que d’en acheter de nouveaux » ; pour réduire, voire éviter cette frustration, 90 % des personnes interrogées estiment que la durée de vie d’un produit devrait être mise en évidence sur les étiquettes.

iDiots-robots-mobile-phone

Le troisième volet quantitatif du rapport décrit les bienfaits potentiels sur l’économie d’une revalorisation de la filière de réparation, à la fois auprès des consommateurs et des fabricants. A y regarder de plus près, le chiffre des 200 000 emplois avancé est très modeste, car il serait atteint « si seulement 1% des déchets municipaux en Europe étaient préparés pour la réutilisation ou le réemploi ». S’attachant ensuite au seul exemple des ordinateurs, le texte indique qu’en préférant le réemploi (c’est-à-dire le tri, la réparation puis la réinsertion sur le marché) au recyclage pour les ordinateurs des entreprises européennes, l’Europe pourrait créer plus de 10 000 emplois, tout en évitant l’émission de 6 millions de tonnes de CO2 et la consommation de 44 millions de m3 d’eau.

Feuille de route

Afin de susciter et d’accompagner ce basculement de l’économie vers une production plus durable, le rapport esquisse des axes d’action, certains très généraux (« organiser la concertation entre tous les acteurs concernés pour encourager au développement d’un modèle de vente tourné vers l’usage qui profite à tous »), certains très précis (« il serait souhaitable que les ampoules LED ne soient pas habituellement montées en un seul bloc, mais soient remplaçables individuellement »).

De manière générale, le rapporteur EELV s’adresse d’une part aux fabricants d’objets électroniques, les enjoignant à concevoir des objets durables et réparables, à mettre à disposition des pièces détachées et à concevoir des circuits de seconde vie pour leurs produits ; d’autre part, le rapport encourage les gouvernements (ainsi que les pouvoirs publics européens) à rédiger une réglementation favorable au réemploi, notamment via la création d’un label d’excellence récompensant la durabilité des produits (comme il en existe en Autriche) ou la mise en place d’avantages fiscaux pour les entreprises pratiquant le réemploi (comme c’est le cas en Suède).

Les derniers acteurs du réemploi, peu cités par le rapport, sont les consommateurs. C’est à nous, en tant que société civile, d’encourager par notre comportement d’achat (ou justement, de non achat) la pratique de la réparation, en nous tournant soit vers des produits de qualité supérieure (et en les réparant en cas de besoin), soit vers des produits de seconde main.

image 15672

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !

Antoine Puig

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Forêts, un livre puissant qui va vous émerveiller

Forêts est le seul livre en France qui propose un tour d’horizon aussi complet sur le monde végétal. Pour comprendre comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts», écrit par Baptiste Morizot, Thierry Thevenin, Ernst Zurcher et bien d’autres grands noms, vous donne toutes les clés de compréhension pour comprendre et vous émerveiller sur la beauté de nos végétaux.

Pour comprendre et savoir comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts» est fait pour vous.

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^