Dimanche 21 mai, 58,2% des électeurs helvètes ont voté en faveur d’une loi visant à entériner la transition énergétique en abandonnant le nucléaire pour lui supplanter les énergies renouvelables.
58,2 % de votes favorables
Les Suisses étaient appelés à se prononcer hier sur un projet de loi concernant la stratégie de sortie du nucléaire. Avec une participation de 42,3%, on reste dans la moyenne du taux de mobilisation des électeurs de ces deux dernières années. Le texte a été voté à 58,2% des voix, selon les résultats de la chancellerie fédérale. Dans les villes les plus peuplées, les électeurs ont massivement voté pour le « oui », à Zurich par exemple (le canton le plus peuplé de Suisse), le « oui » atteint presque 60%, à Genève il a franchi la barre des 70 %.
Le choc Fukushima à l’origine du projet de loi
Le projet de loi était en cours de rédaction depuis 2011. En effet, suite aux accidents nucléaires de Fukushima, le conseil fédéral suisse avait annoncé une sortie progressive du nucléaire pour l’horizon 2034. Le gouvernement suisse a ainsi travaillé à l’élaboration de la stratégie énergétique à adopter pour rendre viable cet abandon du nucléaire. La Suisse consomme de l’énergie nucléaire depuis 1969 et compte aujourd’hui cinq réacteurs dans quatre centrales. En moyenne, la part du nucléaire dans la consommation nationale d’énergie représente 39% mais en hiver celle-ci peut monter jusqu’à 45% selon l’Office fédéral de l’énergie.
Réduction de la consommation et fin du nucléaire
Le premier volet du texte qui a été voté dimanche consistait en un objectif de réduction de la consommation d’énergie, notamment en fixant des valeurs indicatives de consommation énergétique moyenne par personne et par année. Les objectifs fixés prévoient alors une réduction de 16% d’ici à 2020 et de 43% d’ici à 2035. Ces mesures s’ajoutent à l’interdiction de toute nouvelle construction de centrale nucléaire (même si les centrales actuelles resteront en service jusqu’à ce qu’elles soient vétustes). En somme, le projet de loi qui était soumis aux électeurs ce dimanche visait à faire abandonner l’énergie nucléaire par consensus et favoriser le recours aux énergies renouvelables.
« Journée historique » VS surcoût pour les consommateurs
Si ce résultat a été salué par de nombreux hommes politiques de divers partis évoquant une « journée historique », le premier parti du pays (l’Union démocratique du centre) s’y est opposé, estimant que cette stratégie mènerait à un renchérissement de l’électricité et défigurerait le paysage avec la prolifération d’éoliennes et de panneaux solaires. Selon l’UDC, la transformation complète du système énergétique suisse coûterait 200 milliards de francs suisses (183 milliards d’euros) ce qui représente d’après eux 3 200 francs suisses de frais d’impôts supplémentaires pour un ménage de quatre personnes. L’UDC avait placardé partout pendant la campagne le slogan ironique : « Payer 3 200 francs de plus…pour une douche froide ? ».
Le gouvernement a bien entendu nié la véracité du calcul, estimant pour sa part que le surcoût ne serait que de 40 francs suisses par an pour un ménage de quatre personnes. D’autant plus que ces dépenses supplémentaires seront compensées par une meilleure efficacité énergétique et la fin de la séquestration de l’énergie, comme l’a souligné Roger Nordmann (porte-parole du « oui » en Romandie).
Une mesure progressive
A la fin de l’année dernière, les Suisses avaient refusé une initiative proposée par les Verts par référendum qui voulait limiter à quarante-cinq ans la durée de vie d’un réacteur et donc accélérer leur fermeture. La proposition plus progressive de cette année qui suit une stratégie par étapes successives jusqu’en 2050 semble en revanche avoir séduit les citoyens suisses. Alors, à quand un référendum en France pour voter l’abandon progressif du nucléaire ? Pas sûr que le gouvernement actuel soit très enclin à ne serait-ce qu’entrevoir l’idée d’une possible sortie du nucléaire…

Pour commander notre Manifeste, cliquez sur l’image !