« Faire disparaître l’élevage en batterie des poules pondeuses ». Il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Lors du discours de Rungis, il a réaffirmé cette volonté, déclarant que « les œufs vendus aux consommateurs ne seraient issus que d’élevages en plein air d’ici 2022 ».
Recul du ministère de l’Agriculture
En octobre, par un amendement dans la loi Egalim (Loi agriculture et alimentation) les députés ont voté l’interdiction d’élevage de poules en cage pour tout bâtiment nouveau ou réaménagé. Cependant, 8 associations mobilisées sur ce sujet (dont la SPA, 30 Millions d’amis, Welfarm…) ont reçu depuis un courrier du ministère de l’Agriculture traduisant un recul qu’elles jugent inadmissible.
« Le ministre souhaite que soit respecté l’arbitrage retenu lors du vote de la loi, à savoir interdire toute augmentation de surface de poules pondeuses en cages, tout en permettant la rénovation des cages existantes. » indique-t-il. Le cabinet de Didier Guillaume informe ainsi que seuls les bâtiments augmentant leur surface de production seraient considérés comme « bâtiments réaménagés ».
Les élevages qui rénoveraient leurs infrastructures sans augmenter leur capacité de production pourraient donc continuer à utiliser les cages.

Nouvelle déception donc pour les ONG, après les mesures frileuses annoncées par Didier Guillaume. Le ministre a en effet décidé l’interdiction de la castration à vif des porcelets et la fin du broyage des poussins mâles d’ici à la fin 2021, des engagements « bien maigres » selon Agathe Gignoux, de l’association Compassion in World Farming.
Vers le hors cage
Pour justifier les délais concernant la transition vers le hors cage, la filière agricole cite les lourds frais engagés en 2012. Cette année-là, les bâtiments avec cages avaient dû être modernisés pour respecter la réglementation européenne. « Mais alors, la première chose à faire est bien d’empêcher tout nouvel investissement dans ces systèmes », objectent dans un communiqué commun les associations destinataires du courrier du ministère.
Elles pointent en outre un manque de cohérence : la décision du ministre signifie qu’un éleveur aura l’interdiction d’installer un nouveau bâtiment de cages, tandis que refaire toute une installation avec de nouvelles cages sera autorisé.
L’Initiative Citoyenne Européenne contre les cages, portée par plus de 170 ONG a montré la préoccupation des citoyens sur ce sujet. 1,5 millions de signatures ont été récoltées, dont plus de 105 000 en France. Le pays est d’ailleurs le premier producteur européen d’œufs. 58 % des poules pondeuses en France vivent en cages, selon les données du Comité national pour la promotion de l’œuf. Bien que cette proportion soit 2 fois moins importante qu’il y a 10 ans, elle reste supérieure à la moyenne européenne de 56 %. Certains de nos voisins, comme l’Allemagne, prévoient un abandon total des cages d’ici 2025.