Une première pour le fret
Fin septembre, le porte-conteneurs Venta, du groupe danois Maersk, a rejoint Saint-Pétersbourg depuis l’Extrême-Orient russe en franchissant l’Arctique par le Nord.
Jusqu’à présent, le « passage du Nord-Est » était praticable uniquement pour des navires de taille plus modeste, et seulement quelques semaines par an. Cette traversée par le géant des mers est une première, qui s’explique par la fonte des glaces causée par le réchauffement climatique.
Une route convoitée
Le navire, d’une longueur de 200 mètres et d’une masse de 42 000 tonnes, a été précédé tout au long de son périple par un brise-glace. Des environs de Vladivostok jusqu’à Saint-Pétersbourg, en passant par la Corée du Sud, le détroit de Béring et l’Allemagne, le trajet a duré cinq semaines. Cela représente 15 jours de moins qu’en empruntant le canal de Suez, la route habituelle.
Une solution qui intéresse grandement la Chine, dont 90 % des marchandises sont transportées par voie maritime, ainsi que la Russie. Cette dernière a prévu d’investir plus de 516 millions d’euros dans le développement de ses infrastructures portuaires et la construction de brise-glace nucléaire.
Quel futur pour l’Arctique ?
Pour le moment, cette voie nécessite des navires spécialement conçus pour naviguer dans les zones polaires — le Venta possède par exemple des systèmes taillés pour des opérations dans des environnements très froids (-25°C). Si Maersk estime que l’ouverture d’une ligne commerciale régulière n’est pas envisageable avant au moins une dizaine d’années, il s’agit probablement d’une révolution pour le fret mondial.
Cependant, cet événement constitue une démonstration flagrante des conséquences du réchauffement climatique. En quelques décennies, la calotte glaciaire de l’Arctique a perdu près de la moitié de sa surface, tandis que les températures du nord de la Sibérie ont avoisiné les 30 degrés cet été.
Enfin, plusieurs associations de défense de l’environnement ont pointé la menace sur un écosystème jusqu’ici totalement préservé que constitueraient de futures marées noires.