Alors que les pays de la COP21 se réunissent à Bonn, les experts s’accordent pour indiquer que le réchauffement climatique a atteint en 2016 des niveaux historiques. L’urgence est donc à la mise en place rapide des mesures de réduction des émissions de CO2, et non à l’atermoiement politique dont témoigne l’administration Trump.
Niveaux record de CO2
Alors que nous évoquions récemment la faisabilité des objectifs de la COP21 (maintenir sous le seuil de 1,5°C l’augmentation globale de la température par rapport à l’ère préindustrielle), le dernier rapport du National Climatic Data Center (NCDC) sonne l’alarme : tous les indicateurs du réchauffement climatique sont dans le rouge à compter du premier trimestre de l’année 2016.
Les analyses, qui nous arrivent avec une année d’écart, sont en effet alarmistes. Durant l’année 2016, nous avons atteint un record d’écart de température par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle : +1,1°C. Et le pire reste à venir : selon les indications du NCDC, le premier trimestre 2017 est tout juste moins chaud que celui de l’année dernière (écart de 0,2°C). Pourtant, les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables pour le réchauffement de l’atmosphère, sont stables à l’échelle mondiale : 41 milliards de tonnes par an. Mais ce seuil est déjà critique, et une réduction des émissions est la seule façon d’enrayer le dérèglement du climat.
Dérèglement du climat
En conséquence de cette augmentation frénétique et incontrôlable de la température, les phénomènes naturels dus au réchauffement climatique s’emballent également. En premier lieu, la tristement célèbre fonte de la banquise aux pôles, en Antarctique comme en Arctique, se fait galopante : les surfaces sont au plus bas, le déficit de glaces de mer par rapport à la moyenne 1980-2000 atteignant en novembre dernier les 4 millions de km2 (pour vous donner une idée, c’est l’équivalent de 560 millions de terrains de football).
« Pourtant, les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables pour le réchauffement de l’atmosphère, sont stables à l’échelle mondiale : 41 milliards de tonnes par an. Mais ce seuil est déjà critique, et une réduction des émissions est la seule façon d’enrayer le dérèglement du climat. »
La fonte des glaces polaire possède ensuite une quantité impressionnante de conséquences en cascade : tout d’abord le niveau des océans monte, à une vitesse environ 30% plus rapide entre 2004 et 2015 qu’entre 1993 et 2004 ; à cette augmentation régulière vient s’ajouter un saut ponctuel entre novembre 2014 et février 2016 : sur ces 16 mois, à cause d’un phénomène El Niño particulièrement puissant (il s’agit d’un courant chaud inhabituel qui s’étend au large du Pérou et de l’Equateur de janvier à avril), le niveau des mers a gagné 1,5 centimètre, une hausse qui devrait normalement prendre quatre à cinq ans.
Ensuite, la hausse du niveau des océans se répercute sur la biodiversité marine : le réchauffement de l’eau a notamment pour effet de faire blanchir les récifs de corail, à l’instar de la Grande Barrière de corail en Australie. Avec la mort des coraux, c’est tout un microcosme qui disparaît, avec des conséquences désastreuses pour « la chaîne alimentaire marine, les écosystèmes et les pêcheries ». Enfin, les anomalies climatiques du type d’El Niño sont une menace pour l’espèce humaine : avec le réchauffement climatique se multiplient ouragans et typhons, qui apportent pluies meurtrières et coulées de boue : en Colombie et au Pérou, plusieurs centaines de morts sont ainsi attribuées à El Niño.

Des engagements menacés
En dépit de ces signes clairs d’emballement du réchauffement climatique, les parties prenantes de la COP21, réunies actuellement à Bonn pour « définir les modalités de mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat », sont en grande partie paralysées par une délégation américaine qui avance à reculons. En effet, l’administration du président Trump est divisée sur ces accords : pour une partie, il faut respecter ces accords ; pour l’autre (notamment pour Scott Pruitt, le climatosceptique administrateur de l’agence américaine de l’environnement), il faut en sortir.
Pour rappel, l’engagement des Etats-Unis dans les accords de Paris consiste à réduire 26 à 28 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 (par rapport à 2005). Devant la circonspection de l’administration Trump, l’ensemble des 144 signataires de l’accord est pendu aux lèvres de la – très petite, seulement 7 personnes là où des Etats comme le Japon ont dépêché plusieurs dizaines de représentants – délégation américaine. Les Etats-Unis étant le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre du monde, derrière la Chine, leur participation aux efforts est indispensable pour avoir un réel impact (accessoirement, les Etats-Unis participent aussi à un tiers du budget de l’initiative, soit 3 millions d’euros).
Espérons donc que l’administration Trump saura retrouver la voie de la raison, soutenir à nouveau l’investissement dans les énergies renouvelables (44 milliards par an aux Etats-Unis, 100 milliards en Chine) et écouter la voie d’une majorité des habitants : selon un sondage de l’université de Yale, seuls 28 % des électeurs de Trump seraient favorables à un retrait de l’accord de Paris.

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