Depuis le lundi 25 décembre, les marquages publicitaires biodégradables éphémères sur les trottoirs sont permis dans les villes de Bordeaux, Lyon et Nantes. L’essai est prévu sur un an et demi.
Flâner, c’était avant ; maintenant, consommez
Après les stations de métro, les arrêts de bus, nos écrans d’ordinateurs, de téléphone, la télévision, la presse, la publicité s’invite sous nos pieds et s’impose sur un territoire jusqu’ici préservé : le sol.
Il est difficile de savoir précisément à combien de publicités nous sommes exposés chaque jour. Pourtant, certaines études démontrent que si l’on prend en compte les médias classiques, Internet (2h/j) ainsi que d’autres formes de publicités « hors médias classiques » comme les publicités sur les trams ou autobus, nous serions exposés chaque jour à environ 1.200 à 2.200 publicités. Ce résultat est bien sûr différent selon chaque situation : s’il ne paraît pas improbable pour un parisien, il l’est beaucoup plus pour un habitant de la Lozère qui se rend au travail en voiture.
Quoi qu’il en soit, avec une telle prolifération d’images, on peut se demander la pertinence d’autoriser les marques à projeter leurs messages publicitaires sur le sol. Le décret publié au « Journal officiel » déroge d’ailleurs à plusieurs règles du code de la route et du code de l’environnement…

A Paris, les militants de « Résistance à l’agression publicitaire » éteignent les panneaux publicitaires lumineux pour « rallumer les étoiles ». Crédits : Résistance à l’agression publicitaire
Les associations s’insurgent
En effet, le code de la route stipule que les publicités ne doivent pas solliciter l’attention des usagers des voies publiques dans des conditions dangereuses. Les automobilistes et les piétons sont donc les premières victimes potentielles de faute d’attention avec ces messages inhabituels. Le gouvernement en est bien conscient puisqu’il prévoit carrément un rapport pour mesurer « un éventuel lien entre accidents de la route, chutes sur les trottoirs et présences des marquages sur les trottoirs » !
Pire, la Ville de Bordeaux, une des villes tests, a publié un communiqué de presse précisant qu’elle n’a pas été consultée par le gouvernement pour cette démarche et qu’elle s’y oppose. Elle réclame notamment plus d’explications sur les conditions d’application de cette démarche. Nous savons pour le moment que ces publicités auront une « taille limitée » et ne pourront pas rester au sol plus de 10 jours.
Les associations « Résistance à l’agression publicitaire » et « Paysages de France » dénoncent l’hypocrisie d’un message qui se veut rassurant en s’appuyant sur le côté éphémère de la démarche, puisqu’une publicité est éphémère par nature : elles sont faites pour changer tout le temps.
La société de publicités Biodegr’AD défend le principe en expliquant utiliser de la peinture biodégradable et de l’eau pour projeter les messages sur des pochoirs faits en plaques d’aluminium. Même si le dispositif est effectivement un peu plus respectueux de l’environnement que ceux gaspillant de l’électricité, les associations déplorent cette incitation à consommer encore plus dans une société déjà trop polluante. Le but premier d’une publicité est d’encourager à la consommation et donc à l’accumulation et la destruction de biens, ce qui détruit petit à petit les ressources de la planète.
Leur inquiétude principale : « jusqu’où ira-t-on pour satisfaire les afficheurs, toujours plus en demande de place dans l’espace public ? »
Crédits photo : https://twitter.com/unmondextra/status/945953743555760128

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