Après deux années de stagnation, la population de loups est en hausse de 23 % en France. Bien que les avis soient partagés, cela reste une bonne nouvelle pour cette espèce protégée : zoom sur ce prédateur qui peuple nos contrées.
Les prédateurs en France
Dans un premier temps, il est important de comprendre que différentes espèces de prédateurs, tels que le loup, le lynx ou encore l’ours, ont vu leur population s’effondrer voire disparaitre en France au cours du XXème siècle. Pour le ministère de la Transition écologique et solidaire les causes principales sont la réduction des espaces forestiers, la dégradation des habitats et des environnements (de chasse et de reproduction) mais également l’amélioration des techniques luttant contre les espèces dites « nuisibles et dangereuses »
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Bien que ces espèces ne soient pas considérées comme « menacées » à l’échelle mondiale par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), leur viabilité à long terme en France n’est pas assurée, c’est pourquoi elles sont protégées à l’échelle européenne et dans l’hexagone par la Convention de Berne ainsi que la directive « Habitat Faune et Flore ».
Après une extinction des loups en France dans les années 30, c’est donc en 1992 que des membres de cette espèce sont de nouveau repérés dans le Mercantour. Suite à ce retour naturel, une dispersion s’est exercée dans chacun des massifs montagneux de France. Aujourd’hui, les loups sont principalement présents dans le Massif central, les Pyrénées, les Vosges, une partie des Préalpes, des ilots de l’arrière-pays provençal ou encore dans l’Est du bassin parisien.
Réapparition naturelle, mise en place de mesures de protections et régulations des abattages, autant de facteurs favorables qui permettent d’observer une augmentation forte du nombre de loups présents au niveau national depuis ces dernières années.
Population en hausse et colonisation de nouveau territoire
Durant l’hiver 2015 l’effectif minimum retenu dans les zones de présence permanentes (ZPP) était de 129. Aujourd’hui, selon les données du réseau Loup-Lynx de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) publiée le 23 mai, la population atteint 360 individus. Cela représente une augmentation du nombre de meutes (42 meutes contre 35 auparavant) mais également de nouvelles zones de présences. On compte désormais 57 ZPP contre 49 auparavant. Ces nouvelles zones sont principalement présentes dans les Alpes, en Isère, en Savoie, dans les Bouches du Rhône et dans l’Héroult.

Ainsi, le débat entre les partisans et les opposants est relancé. Cette hausse de 23% par rapport à 2016 est un atout de circonstance pour le gouvernement toujours incriminé par les associations de mise en danger de l’espèce par les abattages. De son côté la directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages, Madline Reynaud, attend les chiffres définitifs et craint que ces chiffres ne cautionnent de nouveaux tirs. « Nous sommes loin d’une population en forte expansion. Elle a juste repris son souffle » a-t-elle précisé.
En plus des associations de défense et du gouvernement, les scientifiques attendaient également ces données pour se prononcer sur la viabilité de l’espèce. En effet en mars, 14 scientifiques avaient publié la première expertise collective biologique sur le devenir du prédateur dans l’Hexagone, sous la coordination du Muséum national d’histoire naturelle et de l’ONCFS. Selon cette étude, la mortalité (toutes causes confondues) s’élevait à 22% en moyenne par an sur la période 1995 – 2013. Ainsi selon les prévisions, elle pouvait atteindre sur la période 2014 – 2016 le seuil de 34% (pour cause de hausse des abattages), mais les nouveaux chiffres révèlent que ce n’est pas le cas.
Multiplication des abattages légaux
Le plafond du nombre de loups tués ne cesse néanmoins d’être relevé ces dernières années par le gouvernement. Les animaux sont abattus pour tenter de limiter les attaques sur le bétail et ce par dérogation à leur statut d’espèce protégée. Pour la saison de 2016-2017 le plafond est de 38 animaux et le ministère de la Transition écologique et solidaire est actuellement en train de rédiger de nouveaux arrêtés pour la prochaine saison.

Cependant les abattages, aussi appelé tirs de prélèvements, ne parviennent pas à limiter la prédation. En 2016 le nombre de brebis tuées par les loups s’élevait à 9788, soit une augmentation par rapport aux années précédentes, les prédateurs sévissant surtout dans la région des Alpes-Maritimes.
Madline Reynaud dénonce : « les tirs de prélèvements sont inutiles tels qu’ils sont réalisés actuellement, souvent loin des troupeaux attaqués. Ils ne servent qu’à calmer les éleveurs, mais ne permettent pas une vraie cohabitation. »
En conclusion une partie des menaces qui ont causé l’extinction de l’espèce en France restent présents notamment via les abattages autorisés et le braconnage. Ainsi, l’avenir de cette espèce, malgré sa capacité d’adaptation et de dispersion, dépendra de la capacité de l’homme à cohabiter avec lui.

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