Le 13 septembre, c’était la première fois depuis 250 ans en Allemagne qu’un bison sauvage était aperçu. Et abattu (autant faire d’une pierre deux coups). Pour rappel, cette espèce se trouve depuis 2008 sur la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature) comme une espèce vulnérable.
L’abattage d’une espèce vulnérable : « un délit »
La World Wide Fund for Nature (WWF) a décidé d’attaquer en justice le responsable ayant donné l’ordre d’abattre l’animal. « Donner la permission de tirer sur un animal hautement protégé sans la présence d’une véritable menace est un délit », s’insurge Chris Heinrich, le porte-parole de WWF dans une entrevue accordée à The Local.
Le bison avait été aperçu par un homme près de la ville de Lebus, à la frontière avec la Pologne, à l’est. Les autorités locales ont donc été alertées et le lendemain, deux chasseurs avaient été chargés de neutraliser l’animal, connu pour ne pas être dangereux pour l’Homme… L’argument de la protection de la population locale a été agité mais dans ce cas, comme l’a souligné à juste titre un porte-parole du ministère de l’environnement, des sédatifs auraient été tout aussi efficaces, et n’importe quel vétérinaire aurait pu en procurer. Selon les autorités polonaises, le bison en question se serait en fait échappé d’un parc naturel polonais, l’Ujście Warty National Park.
Une réintroduction difficile
La population de bisons d’Europe a commencé à décroître dès le Moyen-Âge et c’est la Grande Guerre qui lui donne le coup fatal. Katarzyna Daleszczyk, scientifique au Bualowieza National Park explique dans un entretien avec Sciences et Avenir :
« La dernière population de bison en Europe survivait dans la forêt de Bialowieza. Avant la Première Guerre mondiale, il en restait plus de 700, en 1919, plus aucun ».
Selon WWF, le dernier bison d’Europe à l’état sauvage s’éteint en 1927.

Un vaste programme de réintroduction a été entrepris ces cinquante dernières années mais le problème est qu’il a été mené à partir des spécimens restants, ce qui fait que les risques de consanguinité sont élevés, ce qui implique des risques d’affaiblissement du système immunitaire, de baisse de la fertilité. Les troupeaux étant de petite taille et éloignés géographiquement, ils se rencontrent peu, ce qui ne facilite pas la diversité génétique. C’est dans les Carpates que WWF et Rewilding Europe ont relâché depuis 2014 des bisons :
« À terme, le but sera d’établir un réseau de zones naturelles reliées entre elles par des corridors où l’écosystème naturel sera protégé ».
Un moyen de pallier ce risque de la consanguinité.
En 2015, l’Europe compterait 6 083 spécimens, dont 4 009 en liberté ou semi-liberté, répartis principalement entre la Pologne, la Biélorussie, la Lituanie, la Russie, l’Ukraine, la Slovaquie, la Roumanie… et l’Allemagne.
Depuis avril 2013, des bisons ont été réintroduits en Allemagne, dans la forêt de Sauerland, au sud-est de la Rhénanie du Nord-Westphalie. Enfin, à ce rythme-là, on ose espérer que les troupeaux survivront à la stupidité humaine.

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