Lundi 15 janvier s’est tenu le procès en appel de Philippe Poutou ainsi que deux de ses collègues de la CGT.
Le procès en appel
En septembre 2012, 380 salariés de l’usine Ford de Blanquefort (située en Gironde), ont tenté de faire entendre leur mécontentement lors du Salon de l’automobile. L’usine Ford, qui employait 2000 salariés en 2008, n’en compte plus que 850 aujourd’hui. Profitant de la couverture médiatique de cet évènement, les salariés ont « pris d’assaut » le stand du constructeur afin de faire entendre leur message :
« Ford, Sauvons l’emploi ».
En juin dernier, Philipe Poutou et deux de ses collègues, membres de la CGT, ont ainsi été condamnés respectivement à 431€ et 231€ d’amende pour « dégradations volontaires » par la société Ford. En effet, lors de cette manifestation les trois salariés auraient abimé le capot avant d’une voiture en montant sur celle-ci.
Ce 15 janvier s’est donc tenu le procès en appel des trois syndicalistes. Face à la cour d’appel du Tribunal correctionnel de Paris, l’avocate des accusés, Monique Guédon, a plaidé la relaxe pour cause de « défaut d’élément intentionnel et défaut d’élément matériel ». Selon elle, rien ne permet une condamnation et met en exergue plusieurs éléments. Le premier, serait que les prévenus seraient montés « précautionneusement » et « rapidement » sur le véhicule. « [Ils] sont restés deux minutes pour que la presse les voit, qu’il y ait des photos ». De plus, selon Mme Guédon, le modèle exposé, une Ford Mondeo hybride, était fabriqué en « matériaux composites indéformables ».
L’ancien candidat à la présidence, Philippe Poutou a, quant à lui, défendu son geste et celui de ses collègue face au juge en plaidant l’innocence :
« Nous accuser de dégradations volontaires, c’est aberrant. Si on avait voulu dégrader des voitures on l’aurait fait, ce n’est pas compliqué. Sur la photo, on ne voit pas de dégradations, on fait cette action pour être visibles alors que des emplois étaient menacés. »
Un préjudice matériel de 6800 euros selon Ford
De son côté, Ford mettrait en avant un devis daté du 26 mars 2013. Ce devis datant de 6 mois suite à la manifestation évalue le préjudice à 6800 euros. L’avocat du fabricant américain plaide cependant que la réclamation, concernant la « réparation au préjudice moral » causé, s’élève à 1 euro symbolique par personne. « Le débat syndical se fait autrement que dans des actes de violence, il ne justifie pas tout » a-t-il affirmé.
Une demande bien symbolique. Tout comme les personnes accusées. Lors du procès, plusieurs prévenus auraient fait remarquer que « seuls des syndicalistes » étaient poursuivis. L’ex porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, a quant à lui dénoncé « une politique systématique de harcèlement et de répression contre l’action syndicale ».
Le but du procès engagé par Ford serait-il plus politique que les demandes juridiques finalement soulevées ?
Suite au procès le procureur a jugé l’amende « proportionnée » et les dégradations « volontaires » bien que « légères ».
Crédits : Rémi Noyon (Flickr)

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