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Pour protéger les animaux, ils créent un refuge pour la faune sauvage blessée en Savoie

Ces centres fonctionnent principalement sur le bénévolat, avec quelques salariés. L’Association Centre de Sauvegarde de la Faune sauvage des Pays de Savoie a constitué depuis quatre ans un réseau d’une centaine de bénévoles actifs.

On parle souvent des lieux une fois qu’ils sont ouverts. Rarement au moment où ils sont encore un embryon, une idée dans la tête d’une poignée de passionnés. Caroline vit en Savoie. Peu à l’aise dans le système scolaire, elle arrête avant le bac. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle veut travailler avec les animaux. Elle fait de l’écovolontariat dans des centres de soin, et trouve sa place. En Savoie, elle rencontre des acteurs de la sauvegarde de la faune, qui discutent de la création d’un centre de soin, elle décide de participer au projet et de s’installer là-bas.  Ensemble ils créent une association, « Le Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage des pays de Savoie ».

Depuis maintenant 4 ans, elle et d’autres travaillent à concrétiser ce qui au départ n’était qu’un rêve : créer un refuge pour la faune sauvage blessée de Savoie. Ce sera le Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage des Pays des Savoie.

Les animaux blessés en France : quelle ampleur ?

En 40 ans, la France a perdu 60 % de ses vertébrés. Le désastre est là, mais la protection de la biodiversité n’est pas à l’ordre du jour dans les débats publics, souvent éclipsée par la cause du « Climat ».

Centre de soin lpo

La protection des animaux est principalement tournée vers les animaux domestiques abandonnés. Chaque année, les campagnes de prévention contre l’abandon des animaux sont très visibles dans les métros et espaces publics. Rien pour la faune sauvage. Une partie de nos impôts prélevés va à la prise en charge des animaux domestiques abandonnés, mais rien n’est attribué pour la faune sauvage.

Pourtant, les centres recueillent beaucoup d’animaux sauvages avec une moyenne de 3000 animaux par an en France et une augmentation annuelle, signe que le besoin est là.

En France, chaque commune est responsable des animaux sur son territoire. Il n’existe donc pas de budget national pour la protection des animaux sauvages blessés. À l’heure actuelle, il n’y a aucun aucun centre de soin en Savoie. Si quelqu’un trouve un animal blessé il lui faut aller jusqu’en Isère, à Lyon Clermont Ferrant en Aquitaine ou en Suisse. Le seul endroit qui existe se situe en Haute Savoie, chez une femme qui chez elle accueille les mammifères, mais ne peut prendre aucun oiseau, qui représentent 90% des appels concernant les animaux blessés.

« Il y a trois ans on a ouvert une ligne téléphonique, qui nous permet d’avoir une base de données. De mai à septembre 2018, nous avons reçu 932 appels. Depuis janvier 2019 nous avons reçu 930appels. C’est donc potentiellement 1000 animaux qu’on aurait pu secourir, et probablement plus, car nous ne recevons qu’une partie des appels. »

90 % des causes d’accueil en centre de soin sont liées aux activités humaines : principalement aux accidents de la route, mais surtout au fait de ramasser des animaux qui ne sont pas en danger mais simplement en situation d’auto-protection. Également au développement des infrastructures qui rasent une partie des espèces naturels, aux empoisonnements, notamment au glyphosate, ou encore aux tirs illégaux.

« Sous les grosses chaleurs, les bébés martinets sautent du nid souvent placés sous les toits car ils ont trop chaud. Ils ont une chance sur deux de mourir, mais ils n’ont pas le choix, sinon ils meurent de chaud. »

Comment fonctionne un centre de soin ?

Les centres de soin ont vocation d’accueillir, soigner et relâcher les animaux sauvages. Beaucoup de centres en France ne peuvent pas accueillir de grands mammifères. Le futur centre de Savoie souhaite pouvoir le faire.

Centre de soin lpo
Centre soin lpo

Les centres de soins sont essentiellement financés par des fonds privés, des mécénats, ou encore des Fondations comme Nicolas Hulot, Brigitte Bardot, Trente millions d’Amis. Rien du côté de l’État. Les budgets des communes dépendent de leur bon vouloir. Certains centres ont fait pression sur les communes en déposant les animaux blessés à la mairie, responsable légalement des animaux errants sur un territoire, mais qui s’en remettent souvent aux centres vétérinaires alors débordés et dépourvus d’infrastructures nécessaires.

Ces centres fonctionnent principalement sur le bénévolat, avec quelques salariés. L’Association Centre de Sauvegarde de la Faune sauvage des Pays de Savoie a constitué depuis quatre ans un réseau d’une centaine de bénévoles actifs.

« Chacun s’investit à son rythme, comme il le peut. Certains font des animations dans les écoles ou sur les marchés de Noël pour récolter des dons, d’autres assurent le transport des animaux en détresse, l’acheminement de leur nourriture. Nous formons les gens aux soins. »

Les besoins sont nombreux : trouver un terrain, construire des volières et des structures, avoir un transport adapté. Puis les dépenses de fonctionnement : factures d’eau, d’électricité, de nourriture, de médicaments, les salaires.

Les bénévoles ne manquent pas d’idée, et cherchent à responsabiliser chacun, en proposant par exemple des microdons chez les commerçants. Les adhésions permettent aux communes de prendre conscience que la sauvegarde de la faune sauvage est une préoccupation des habitants.

Le centre compte créer trois postes d’emploi et mise sur les écovolontaires pour avoir une équipe tout au long de l’année.

Centre pour les animaux mais aussi pour les hommes

Les centres d’accueil de la faune sauvage favorisent aussi le partage humain. Le futur centre de Savoie compte devenir un acteur de la réinsertion sociale : anciens détenus, personnes avec des handicaps, mineurs accompagnés, et toute personne traversant une période difficile qui a besoin de se reconnecter doucement au vivant.

« Les animaux sont très réceptifs à notre état intérieur. Prendre soin d’un autre être vivant en détresse revalorise la personne qui se sent à l’écart dans la société, donne une responsabilité devant un être plus fragile, et apprend à travailler en équipe. Nous mettrons un point d’honneur à respecter le rythme de chacun. »

Et pour ceux qui ne voudraient pas travailler au contact des animaux, le travail ne manque pas : transporter les animaux ou la nourriture, être présent sur les stands, rechercher des financements, faire des vidéos, aider à construire les infrastructures.

Centre de soin lpo

Que faire pour aider la faune sauvage ?

Les centres de soins ont aussi vocation à informer les citoyens sur l’attitude à adopter pour aider la faune sauvage. De nombreuses espèces disparaissent car elles sont considérées comme nuisibles, alors qu’elles sont essentielles à l’équilibre des écosystèmes, et inoffensives pour l’homme. C’est le cas des chauve-souris qui disparaissent. Une chauve-souris mange des milliers de moustiques chaque nuit.

En aidant les chauve-souris, on contribue à réguler les moustiques qui nous piquent et cela naturellement. Le renard, considéré souvent comme nuisible pour l’agriculture, est en fait d’une aide précieuse car il régule les rongeurs. Un renard mange en moyenne, 5000 rongeurs par an. De même pour les hérissons qui se nourrissent de limaces.

« Il faut laisser aux animaux des habitats naturels : de vieilles souches sur son terrain, les abris pour le bois, les remises abandonnées, des tas de tuiles ou de feuillage et favoriser leur présence en mettant en place des nichoirs adaptés aux espèces, en protégeant les nids déjà présents »

Nourrir les oiseaux ? C’est bien, à condition de le faire correctement. Les oiseaux sont à nourrir seulement en période de disette, c’est à dire de la fin de l’automne au début du printemps. Au printemps, les jeunes ont besoin de manger des insectes. Si on les nourrit, ils iront à la solution de facilité et donc vers une nourriture bien moins adaptée, ce qui entraînera des carences.

Les oiseaux peuvent facilement tomber malades si les mangeoires ne sont pas bien entretenues. Si l’on décide de les nourrir, il faut le faire régulièrement, car les oiseaux alors habitués à venir ne survivront pas à un arrêt brutal. Un point d’eau est l’élément qui va sans doute le plus aider les oiseaux, en les rafraîchissant et en attirant les insectes. Voici ce que les centres de soin peuvent nous enseigner pour nous aider à sauver la faune sauvage, c’est-à-dire, à nous sauver nous-mêmes.

« On espère être ouverts au printemps prochain. Ça aura pris 5 ans mais ça valait le coup ! »

Pour faire un don (par internet ou par chèque) ou devenir bénévole / Pour trouver le centre de soins le plus proche de chez vous

Sarah Roubato

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