Proche de la retraite, un agriculteur a voulu laisser un héritage durable à ses petits-enfants. Il a décidé de planter 1 000 arbres pour restaurer les sols et préparer le futur avec une méthode agroécologique vertueuse : l’agroforesterie.
Interpellé par la réaction outrée d’un voisin paysan qui accusait son père d’avoir salie sa ferme en y mettant des engrais chimiques, l’agriculteur Christophe Piquet a revu peu à peu ses pratiques jusqu’à effectuer une reconversion totale en agriculture biologique il y a neuf ans.
« L’exploitation existe depuis mon arrière grand-père, mon grand-père, mon père… On a tous participé à arracher un peu d’arbres, déforester, aligner les parcelles… On était vraiment à la disposition du machinisme. C’est les moissonneuses qui nous disaient comment il fallait faire. » Christophe Piquet, propos recueillis par France 3
À Azé, dans le Sud-Mayenne, Christophe Piquet a été tellement convaincu du bienfondé de l’agroforesterie qu’il a choisi de planter 1 000 arbres sur une parcelle de 32 hectares pour réparer la terre que les générations d’agriculteurs de sa famille avaient « saccagée ».

L’agroforesterie est sans doute l’une des méthodes les plus abouties pour permettre à l’humain de produire de la nourriture dans un monde au climat instable. Cette pratique agricole consiste à associer des arbres avec des cultures, et bien souvent de l’élevage, créant un système de production intensif qui contribue à régénérer l’environnement.
« C’est un complément de l’agriculture biologique, explique Christophe Piquet à Ouest France. L’arbre a un rôle régulateur. Son enracinement lui permettra de puiser des minéraux dans le sol, de recréer de l’humus, de faire baisser la température du sol. L’arbre va drainer, irriguer, fertiliser. Autour d’un arbre, il y a toute une vie. »
Le cheptel de vaches « rouge-des-prés » pourra également profiter des arbres, notamment pour se protéger de la chaleur en y restant à l’ombre l’été. Cyrille Barbé, un agroforestier, a aidé Christophe à choisir les bonnes essences d’arbres en fonction de leur emplacement sur la parcelle. L’agroforesterie a de nombreux bienfaits : créer des abris pour la faune et la flore, stocker du carbone, filtrer l’eau allant en profondeur dans le sol ce qui limite la pollution des nappes phréatiques, et protéger les cultures du vent et des aléas climatiques.

Pour planter les 1000 arbres, toute la famille de Christophe et de nombreuses personnes ont mis les mains dans la terre. Fin 2018, ils étaient ainsi plus de 70 pour aider l’agriculteur azéen à laisser cet héritage durable à ses sept petits-enfants. Diego, l’un d’eux, est déjà capable de les reconnaître en un seul regard. L’enfant de cinq ans s’imagine déjà sur la ferme à s’occuper des arbres quand il sera plus grand.
« Les arbres qu’on plante aujourd’hui, c’est pour dans une ou deux générations… Il faudra tailler les branches, couper les racines de surface pour les obliger à descendre très profondément… Pendant dix ans, on va avoir du boulot, mais après ça va se faire tout seul. » s’amuse Christophe Piquet.
Encore jeunes, chênes, châtaigniers, mûriers, et noyers poussent désormais dans le champ Mayennais.