Porto Rico n’a pas échappé à la série d’ouragans qui a frappé l’Atlantique et la situation de ce territoire non incorporé des Etats-Unis est particulièrement critique… Touchée par l’ouragan Maria, l’île a subi des dommages colossaux en termes d’infrastructures : l’immense majorité de la population (3,6 millions d’habitants) est toujours privée d’électricité et manque cruellement de vivres. Si l’administration de Trump a mis du temps à réagir et continue de minimiser la catastrophe, la réaction des créanciers de l’île ne s’est quant à elle pas fait attendre…
Le surendettement gangrène Porto Rico depuis plusieurs années
Depuis la perte de son statut fiscal avantageux et l’exode massif de sa population, Porto Rico est en crise depuis plus de 10 ans. C’est donc une économie déjà très affaiblie qui a été frappée par une catastrophe de grande ampleur… Avec une dette publique de plus de 70 milliards de dollars, l’île a été plusieurs fois déclarée en défaut de paiement et a aujourd’hui, plus que jamais, beaucoup de mal à satisfaire ses créanciers.
Pensant profiter de cette nouvelle vulnérabilité, la « Prepa » (Puerto Rico Electric Power Authority) a fait une offre au gouvernement portoricain, incluant 1 milliard de dollars de prêt supplémentaire, ainsi qu’un remboursement à hauteur de 85% de la valeur des titres lors de leur émission. Une offre très désavantageuse par rapport à celle qui avait été faite en avril dernier avant la destruction de l’île : jugée « non viable », elle a été refusée par le gouvernement portoricain.
Selon le journal indépendant The Intercept :
« L’offre était en fait pire en termes d’allègement de dette que celle proposée par le même groupe de créanciers en avril, bien avant que l’ouragan n’ait détruit la plus grande partie des infrastructures de l’île ».
Tirer profit des catastrophes : nouvelle tendance chez les spéculateurs
Les créanciers, dont la stratégie était d’acheter des titres à un prix très bas pour empocher ensuite un gain maximal, n’auront donc pas gain de cause pour cette fois.
Mais ce n’est pas la première fois que des créanciers tentent de tirer profit de catastrophes naturelles : de plus en plus répandues, les « CAT bonds » – ou catastrophes bonds – sont des produits financiers qui permettent de se couvrir contre des risques précis comme les catastrophes naturelles… et d’assurer des investissements très rentables pour ceux qui spéculent sur les catastrophes naturelles.
Crédits photo couverture : HECTOR RETAMAL / AFP

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