En Pologne, après une tentative vaine d’interdire le droit à l’avortement, la pilule du lendemain ne sera plus accessible que sous prescription médicale.
Un nouveau pas en arrière pour le droit des femmes
Etant déjà le pays où le droit à l’avortement est l’un des plus restrictifs d’Europe, la Pologne vient de limiter l’accès à la pilule du lendemain. Suite au vote du Parlement à Varsovie le 24 mai dernier, cette contraception d’urgence ne pourra plus être délivrée sans ordonnance médicale. Une initiative de la Première ministre Beata Szydlo, votée « pour » par 242 députés, et « contre » par 188, (9 s’étant abstenus). Ce gouvernement dominé par les ultraconservateurs va ainsi à l’encontre du gouvernement libéral précédent, qui avait pour sa part rendu possible l’accès à la pilule du lendemain sans ordonnance aux jeunes filles âgées de plus de 15 ans (conformément à la norme européenne).
Alors que la Pologne fait un pas en arrière en matière de droits des femmes, cette mesure soulève la colère des défenseurs de la cause. Ceux-ci avaient déjà fait plier le gouvernement en octobre dernier en se mobilisant contre l’interdiction à l’avortement.
Pour rappel, la pilule du lendemain est un moyen de contraception d’urgence qui permet de stopper une grossesse ou un risque de grossesse suite à un rapport sexuel non protégé. Pour une efficacité maximale, ce dispositif nécessite cependant d’être pris le plus rapidement possible, soit au mieux 24h maximum après le rapport. Selon Katarzyna Labedz, de la Fédération pour la cause des femmes et du planning familial, la contraception d’urgence risque de « perdre son sens » suite à cette contrainte. Elle poursuit en disant que « ce projet limite le droit des femmes en matière de reproduction » puis craint « qu’il ne s’agisse là d’une mesure restrictive de plus et qu’il y en ait d’autres prochainement ». En effet, les ultraconservateurs du PiS (Parti Droit et Justice) au pouvoir depuis maintenant plus d’un an, ont déjà mis fin au financement public de la fécondation in vitro.
Qu’en est-il en France ?
Dans l’Hexagone, la pilule du lendemain est disponible en pharmacie ou dans les plannings familiaux, sans ordonnance et gratuitement. Il n’est également pas nécessaire de présenter une pièce d’identité. Cependant bien que la loi laisse ici aux femmes la liberté de prendre ce dispositif d’urgence sans contraintes, ce sont parfois les pharmaciens eux-mêmes qui ne respectent pas cette procédure. Plusieurs cas de refus ont été notifiés. Cela est évidemment interdit et il est alors possible de faire valoir ses droits en menant une action en justice.
Alors que la légalisation de l’usage de la contraception date de 1967 et que l’interruption de grossesse est autorisée depuis 1971 après des années de mobilisation féministe, certaines de ces notions, qu’elles soient directes ou indirectes, restent parfois taboues, mal enseignées voir non respectées.

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