Dès 1981, le groupe pétrolier Shell s’est doté d’un groupe de travail afin d’étudier l’impact des gaz à effet de serre sur l’environnement. Aujourd’hui, la compagnie est accusée « d’inaction » et de « minimisation ».
Des prévisions de conséquences significatives
Un rapport interne et confidentiel du groupe pétrolier Royal Dutch Shell, datant de 1988, intitulé « The Greenhouse Effect » a été révélé par le journaliste néerlandais Jelmer Mommers, mercredi 4 avril 2018.
Ce document, qui compte une centaine de pages, se base sur une étude de plusieurs scientifiques du groupe. Débuté en 1986, le rapport montre que Shell a constitué un groupe de travail dès 1981. À l’époque, les chercheurs prévoyaient déjà une augmentation des températures (de 1.3 à 3.3°C) d’ici 2070 due au gaz à effet de serre.
Les conséquences du réchauffement climatique y sont même détaillées : changements significatifs « du niveau des mers, des courants marins, des modèles de précipitations, de la météo, les plus importantes transformations jamais connues depuis 12 000 ans. Ces changements à la fois rapides et spectaculaires auront un impact sur l’environnement humain, les standards de vies futures, les ressources en nourriture, et pourraient avoir des conséquences sociales et politiques majeures. »
Les scientifiques notaient également que « si le CO2 émis dans l’atmosphère est la conséquence de différents processus, la cause principale de son augmentation provient de la combustion de carburants fossiles ». En effet, le rapport estime que 44% des émissions totales de CO2 proviennent de la combustion du pétrole, 38% de celle du charbon et 17% du gaz.
Le groupe accusé d’inaction et de minimisation
Le rapport assure également que « à partir du moment où le réchauffement climatique sera détectable, il pourrait déjà être trop tard pour prendre des contre-mesures effectives pour réduire les effets, ou même stabiliser la situation ».
Ainsi, prévoyant que les changements liés au CO2 ne seraient pas visibles avant la fin du XXe siècle, le groupe est accusé d’avoir « attendu jusque-là » en profitant cependant de l’activité de l’entreprise. En 2017, un rapport annuel de l’ONG Carbon Disclosure Project avait affirmé que le groupe pétrolier faisait partie des « 100 entreprises à l’origine de 71% des émissions de gaz à effet de serre entre 1988 et 2016 ».
L’entreprise a beau être membre du Global Climate Coalition (organisation de plusieurs industriels souhaitant travailler afin de minimiser les impacts des gaz à effet de serre sur l’environnement), l’opinion publique ne semble pas convaincue par les efforts de l’entreprise face aux prédictions que révèle le rapport.
En effet, depuis la publication, la compagnie reçoit de nombreuses attaques sur les réseaux sociaux, propulsées par le hastag #ShellKnew (Shell savait). L’ex-Président des États-Unis a quant à lui publié sur son compte Twitter : « C’est prouvé, Shell savait tout des violentes tempêtes résultant de la crise climatique dans les années 1980. Mais ils n’ont rien fait. Nous devons exiger mieux et passer à l’énergie propre ! ».
« Depuis plus de 30 ans, l’entreprise sait qu’elle contribue à un changement climatique dangereux, mais poursuit néanmoins ses activités d’extractions minières et gazières et investit des milliards dans la recherche et le développement de nouveaux combustibles fossiles », explique le directeur de l’association « Les amis de la Terre – Pays-Bas ». En effet, de leur côté, les ONG menacent d’attaquer le groupe en justice.
Image à la une : BEN STANSALL / AFP

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