L’immonde histoire de la condition des homosexuels en Tchétchénie continue de faire des vagues. Depuis le mois de mars, les discriminations se sont multipliées et gagnent en cruauté. Si la communauté gay se terrait déjà dans un silence gêné, elle est aujourd’hui en train de subir une véritable politique de déni d’identité et de crimes contre l’Humanité.
Une véritable purge
Un journal local tchétchène a récemment mis en lumière l’existence de camps de concentration (oui, nous sommes en 2017) pour homosexuels. Pour l’instant, 6 ont été recensés et il semblerait que d’autres soient encore couverts par le secret. La communauté internationale commence enfin à sérieusement s’en mêler pour que Vladimir Poutine stoppe les actions cruelles du dirigeant Ramzan Kadyrov, en poste depuis octobre 2016. En effet, plus d’une centaine d’hommes entre 16 et 50 ans auraient été arrêtés et torturés pour la simple et bonne raison qu’ils étaient homosexuels ou supposés. Après avoir été interpellé par la communauté internationale et plus particulièrement par Angela Merkel, Vladimir Poutine a déclaré qu’il soutenait l’enquête ouverte par le Parquet Général. Parallèlement, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Pesjov a déclaré que les informations du journal russe indépendant à l’origine de la découverte, le Novaïa Gazeta « n’étaient pas confirmées ».
Paroxysme de l’inhumanité
La police demanderait aux parents de tuer leurs propres enfants s’il s’avère qu’ils sont homosexuels. Le porte-parole du gouvernement avait déclaré suite aux accusations qu’il n’était pas possible « d’emprisonner et de harceler quelqu’un qui n’existe pas dans la république », sous-entendu que les homosexuels n’existaient pas en Tchétchénie. Une nouvelle information vient de faire surface suite à la prise de parole d’un témoin qui s’est enfui de l’un des camps. Il explique qu’après avoir torturé un homme pendant plusieurs semaines, les autorités ont convoqué ses parents et ses frères afin qu’ils puissent « s’occuper du problème » avec un argument de poids : « soit vous le faites, soit nous le faisons » ; le témoin atteste qu’« ils l’ont pris et l’ont tué dans la forêt. Ils l’ont enterré là. Il n’a même pas eu le droit à des funérailles ».
Le témoin atteste qu’« ils l’ont pris et l’ont tué dans la forêt. Ils l’ont enterré là. Il n’a même pas eu le droit à des funérailles »
Ce genre de récits surréalistes ne semble être que le début des révélations, supposant que ces camps ne se sont pas mis sur pied ces derniers jours. Amnesty International a réagi en appelant les gouvernements à réagir face à cette ignominie, il semblerait même que ces camps ne seraient pas uniquement dédiés aux homosexuels. Le porte-parole de l’ONG, Alexandre Artermyev, a expliqué que « selon l’information publiée par Novaïa Gazeta, on peut tirer la conclusion que ce ne sont pas seulement des homosexuels qui y sont détenus ; les drogués ou d’autres personnes arrêtées pour différentes raisons y seraient également enfermés ». La présence des médias et la fluidité grandissante de l’information a permis au monde de savoir ce qu’il se passe derrière les rideaux du pouvoir tchétchène – allons-nous encore évoquer l’ignorance ou allons-nous réagir pour stopper au plus tôt ce crime contre l’humanité ?

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Crédit Photo : ALEXANDER NEMENOV / AFP