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Un des plus gros réseaux pédophiles a été démantelé par la police australienne

Child’s Play (« Jeux d’enfant ») était l’un des plus gros réseaux de pédopornographie au monde, et il a été démantibulé par Task Force Argos, une branche de la police de Queensland (Australie) fondée en 1997 et dédiée aux investigations concernant l’exploitation et les abus d’enfants en ligne. Seulement, pour neutraliser ce réseau, la police australienne a […]

Child’s Play (« Jeux d’enfant ») était l’un des plus gros réseaux de pédopornographie au monde, et il a été démantibulé par Task Force Argos, une branche de la police de Queensland (Australie) fondée en 1997 et dédiée aux investigations concernant l’exploitation et les abus d’enfants en ligne. Seulement, pour neutraliser ce réseau, la police australienne a dû l’infiltrer, et pour y être crédible, y publier du contenu pédopornographique. La fin justifie-t-elle les moyens ?

Child’s Play, un vivier de dangers publics 

Child’s Play, c’était un site créé en avril 2016, comptant plus d’un million de comptes, environ 4 000 internautes actifs, une centaine de membres produisant eux-mêmes des vidéos de viols d’enfants. Autrement dit, l’un des plus gros réseaux de pédopornographie au monde. Le 13 septembre, la police australienne a réussi à le faire fermer, sauvant par la même occasion une douzaine d’enfants. Cette opération a également permis de transmettre à d’autres pays une centaine d’affaires puisque des pédophiles du monde entier se retrouvaient sur ce site.

D’après Le Monde, Argos a refusé de communiquer des chiffres mais dit avoir établi une liste de 70 à 90 pédophiles majeurs. Le chef d’Argos, l’inspecteur Jon Rouse affirme que cette opération a abouti à « des sauvetages significatifs dans le monde entier » et à l’arrestation de « sérieux délinquants pédophiles ».

L’infiltration du site par la police australienne

Le réseau étant situé sur le dark web et protégé par l’utilisation du programme TOR (The Onion Router), il était difficile d’identifier ses utilisateurs, ce qui ne laissait à la police que le choix de l’infiltration.

« L’anonymat apparent et le « havre de paix » que cet environnement procure prétendument facilite la circulation de contenu relatif à l’exploitation des enfants, cela leur procure une plateforme pour partager leurs idéologies effroyables et c’est aussi un medium pour partager des méthodes de contournement des forces de l’ordre », explique Jon Rouse au Guardian.

C’est le hasard qui a mis la police australienne sur la piste de ce réseau. En octobre 2016, en collaboration avec Task Force Argos, les forces de l’ordre étasuniennes mettent la main sur un pédophile canadien, Benjamin Faulkner. Ce dernier avait violé une petite fille de 4 ans en Virginie. Il s’avère qu’il était aussi co-créateur (avec un Américain de Nashville, Patrick Falte) et administrateur de Child’s Play. Les deux hommes étaient experts en sécurité informatique et s’étaient rencontrés sur un autre site. L’arrestation du premier signifie donc pour les forces de l’ordre la possibilité de mettre hors d’état de nuire des milliers d’individus ayant commis ou commettant encore des actes pédophiles. Les identifiants de Benjamin Faulkner récupérés, le site est transféré par Argos sur un serveur australien. Et c’est là que le bât blesse.

Un dilemme éthique 

Verden’s Gang (la marche du monde), un des plus importants tabloïds norvégiens révèle dans une enquête le rôle très controversé joué par la police australienne dans l’administration du site. En effet, afin d’infiltrer le réseau, la police australienne a choisi de prendre l’identité de Benjamin Faulkner.

Seulement, les usagers du forum étaient habitués à recevoir un post de Faulkner par mois, et dans le cas contraire, cela signifierait que le site a été compromis. Et comble du vice, ce post devait s’achever par une image d’exploitation sexuelle infantile, histoire de mettre un obstacle juridique à toute tentative d’infiltration : dans de nombreux pays, il est interdit aux autorités de poster ce genre de contenus qui sont considérés comme de l’incitation au crime. Ce qui n’est pas le cas en Australie, d’où le transfert du site sur un serveur australien et sa gestion par Argos.

Vous l’avez compris, pendant plus d’un an (de l’automne 2016 à septembre 2017), afin de se faire passer pour Benjamin Faulkner et de rester crédible auprès des utilisateurs du site pédopornographique et d’infiltrer au plus profond le réseau dans le but de le démanteler, la police australienne a dû publier du contenu montrant des abus sexuels sur des enfants.

Hetty Jhonston, fondatrice et présidente du groupe de protection des enfants Bravehearts confie au Guardian, avec un enthousiasme bien visible, qu’elle supporte « à 100% » le travail d’Argos dans cette affaire, qu’elle qualifie de « génie absolu », même si elle souligne que la question éthique mérite toute notre attention. « C’est une guerre et nous devons partir à la guerre. Nous devons nous y engager », martèle-t-elle.

Mais ce que confie à VG Paul Griffiths, l’enquêteur chargé de pasticher le style de Benjamin Faulkner dans les posts sur Child’s Play, cité dans Le Monde, montre la grande difficulté morale de cette opération en pratique :

« Vous devez vous mettre à sa place. C’est destructeur. Vraiment difficile. Je travaille dans ce domaine depuis vingt-deux ans. Voir des photos ne me fait plus rien. Mais m’asseoir devant un clavier et parler comme un de ces types… A chaque fois, j’ai l’impression de devoir prendre une douche après. »

La fin justifie-t-elle les moyens ? Ceux-ci ont dans tous les cas un coût évident.

Les deux fondateurs du site ont fini par être condamnés à 27 ans de prison ferme, le 15 septembre aux Etats-Unis pour le viol de la fillette de 4 ans déjà mentionnée plus haut. La peine paraît dérisoire ou inadaptée à leurs actes. On peut souhaiter que cet emprisonnement soit doublé d’une thérapie, mais est-ce encore possible à ce stade ?

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Timothee Dury

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