La 53ème édition du Wildlife Photographer of the Year se tenait cette année et a réuni les œuvres de plus de 50 000 photographes venant de 92 pays, pour des clichés inoubliables qui oscillent entre douceur, férocité, et majesté. Certains clichés dénoncent les actions humaines subies par le monde animal et végétal.

© « Winter Pause », Mats Andersson
Il s’agit d’un concours organisé par le Musée d’histoire naturelle de Londres et BBC Wildlife. C’est en 1965 que se tient sa première édition et à l’époque, il est simplement organisé par le BBC Wildlife Magazine, qui porte à ce moment le nom Animals. Il n’y a à l’époque que trois catégories dans lesquelles concourir et environ 500 entrées à l’exposition. À présent, l’exposition est d’abord mise en place au Musée d’histoire naturelle de Londres puis tourne dans le monde entier, ce qui fait que des millions de personnes ont accès aux photographies lauréates. L’exposition ouvre le 20 octobre à Londres si vous êtes dans le coin et que vous ne savez pas quoi faire.
La visibilité mondiale de ce genre de concours permet de dénoncer certains problèmes en usant d’images symboliquement très fortes. Le cliché de Justin Hofman intitulé « Sewage surfer » (littéralement « Le surfeur des eaux usées ») représente parfaitement cet usage qui peut être fait de la photographie. Prise aux abords de l’île de Sumbawa en Indonésie, elle met en tension ici le paradoxe de la biodiversité sous-marine indonésienne : l’une des plus riches mais l’une des eaux les plus chargées en débris plastiques.

© « Sewage Surfer », Justin Hofman
Le tigre « Saved but caged » (« Sauvé mais enfermé ») de Steve Winter participe de la même dynamique de dénonciation. Les yeux écarquillés, la gueule grande ouverte, il a de la chance d’être encore en vie puisqu’il a été retrouvé après avoir passé 4 jours une patte prise dans un piège, dans la province d’Aceh, à Sumatra, en Indonésie, si bien qu’il a finalement dû être amputé. L’île est massivement exploitée pour l’huile de palme et certains planteurs posent de tels pièges afin d’attraper du gibier, mais aussi parfois de neutraliser délibérément les tigres… Une raison de plus de boycotter l’huile de palme.

© « Saved but caged », Steve Winter
« Le Wildlife Photographer of the Year appelle les photographes du monde entier à mettre la nature en cadre. Que vous soyez jeune, vieux, professionnel, amateur, nous voulons voir un travail qui fasse prendre conscience de la beauté et de la fragilité du monde naturel ».
Cette citation montre bien l’ouverture du concours qui s’adresse à des photographes de tous horizons (pourquoi pas vous d’ailleurs).
La délicatesse de l’accouplement des anges de la mer (de petits mollusques marins) d’Andrey Narchuk témoigne de cette volonté de montrer « la beauté et la fragilité » de la nature, dans tout ce qu’elle peut avoir de plus inconnu pour nous.

© « Romance among the angels », Audrey Narchuck
La catégorie adulte réunit 16 sous-catégories parmi lesquelles on trouve des intitulés aussi diversifiés que « Portraits animaux », « Comportement : oiseaux », « Plantes et champignons »… Quant à la catégorie jeune, elle est subdivisée en trois tranches d’âge.

© « Resplendent delivery », Tyohar Kastiel
Outre la reconnaissance et la visibilité mondiale à laquelle accède le grand prix du concours, c’est une récompense de 10 000 £ qui est à la clé pour le grand gagnant, ainsi qu’un trophée, un certificat (et le bonheur de voir son cliché exposé au Musée d’histoire naturelle, ce qui n’est pas rien quand on sait à quoi il ressemble).
Un événement très marquant donc et une grande étape dans la carrière d’un photographe animalier. N’hésitez pas à consulter leur galerie en ligne pour voir ou revoir les clichés des années précédentes ! Je vous laisse sur le regard pénétrant du lynx qu’a photographié Laura Albiac Vilas dans le sud de l’Espagne. La force des yeux de ce grand chat menacé fait réfléchir.

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