L’association Greenpeace vient de publier un article rectifiant les mensonges et approximations proférés selon eux par Patrick Pouyanné, PDG de l’entreprise Total, lors d’une interview dans Capital.
Biocarburants : sources de tensions
Alors que le parlement européen a prononcé un « rapport d’initiatives » dont l’une des mesures phares est « l’élimination d’ici 2020 des huiles végétales tropicales donc l’huile de palme dans les biocarburants », Total reste dans le viseur des associations au sujet de sa raffinerie de biocarburant et de ses activités à l’étranger.
Greenpeacea était déjà intervenu lors de l’assemblée générale de Total en juin dernier, par une manifestation en faveur de la protection du récif Amazone, exploité par l’entreprise.
Revenant sur cet exploitation lors d’une interview donnée à Capital, pour leur magazine d’Août 2018, Patrick Pouyanné, PDG de Total, aurait commis des « mensonges et approximations » en abordant les sujets « des forages au large du Brésil ou encore sur l’huile de palme ».

Le 27 Août 2018 Greenpeace a souhaité rétablir la vérité sur ces dires au sein d’un article. Ainsi, cinq « intox » ont été mises en avant et démentis par l’association.
« L’huile de palme dégrade six à huit fois moins de surface que le soja »
Dans un premier temps, le PDG de Total reprend un argument largement utilisé par les promoteurs de l’huile de palme : « le rendement surfacique de l’huile de palme est meilleur que celui des autres huiles végétales, comme celle du soja ». Cet argument de la surface donne l’illusion d’un faible impact environnemental, alors que les plantations de palmiers à huile se font presque systématiquement au détriment de forêts tropicales. Par ailleurs, le biodiesel dont Total souhaite « abreuver » le marché européen à travers sa bio-raffinerie serait responsable de trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles, avec un impact catastrophique sur le climat.
« 85 % des débouchés de l’huile de palme sont alimentaires »
Les biocarburants sont en croissance permanente, et l’idée que l’huile de palme soit avant tout alimentaire est obsolète.. En effet, 46 % de l’huile de palme en Europe est utilisée pour du carburant, tandis que 75 % de l’huile de palme consommée en France l’est sous forme de carburant.
« Greenpeace fait mine de découvrir des coraux connus depuis trente ans des scientifiques brésiliens » et par ailleurs « nous forons à 30 kilomètre de ceux-ci »

Selon l’article de l’association, ce n’est qu’en 2016 que l’existence du récif de l’Amazone a été confirmée par une équipe internationale de chercheurs. Par ailleurs, lors d’une expédition scientifique au large du Brésil en avril 2018, les chercheurs ont prouvé la présence du récif de l’Amazone dans au moins un des cinq blocs de la concession pétrolière de Total.
« Nous avons proposé à Greenpeace de venir sur le site, mais ses équipes ne veulent pas »
Face à cela, l’association affirme que de son côté des explorations indépendantes sont mises en place, permettant de récolter des informations qui ont « contribué au rejet par l’autorité environnementale brésilienne du dossier de Total, le contraignant à revoir sa copie ».
Image à la une : Emmanuel Dunand / AFP