Une catastrophe en chasse une autre. Alors que le monde entier est paralysé par le coronavirus, d’autres crises continuent, et d’autres combats se mènent. C’est un département au sud-est du Pérou, jouxtant les frontières avec le Brésil et la Bolivie. Les populations qui y vivent sont d’anciens mineurs qui autrefois ont été chercheurs d’or, travaillant pour la vaste mafia d’orpaillage illégal.
100 000 hectares de forêt amazonienne y sont passés, dont 759 hectares de forêt primaire. La forêt n’est plus aujourd’hui que des étendues béantes et sans vie. Aujourd’hui, ces populations se retrouvent sans travail et cherchent alors à sauvegarder l’environnement pour pouvoir à nouveau en vivre.
Autorités nationale et départementales ont lancé des opérations militaires pour démanteler les mines illégales. Puis arriva le problème épineux de la régénération des sols. En effet, l’extraction minière a rendu les sols complètement imperméables, incapables d’absorber les nutriments nécessaires à leur régénérescence.
Reforester, oui, mais pour qui ? Pour planter des espèces commercialisables ? Pour cultiver des fruits ? Pour faire revenir des animaux protégés et développer le tourisme vert ?

Les scientifiques tentent de répondre à ces trois critères. Ils ont élaboré une méthode consistant à enrichir le sol avec du biocharbon obtenu par la combustion de noix du Brésil. Des espèces à la pousse rapide comme des acacias, ou l’arbre à caoutchouc côtoient les espèces endémiques et classées vulnéables comme le cèdre acajou ou l’acajou à grandes feuilles.
30.000 arbres élevés en pépinières ont ainsi été replantés dans des zones dévastées, avec une cérémonie pour le premier arbre par le président Martin Vizcarra.
Derrière ce qui semble n’être qu’une action écologiste, il y a un vrai projet de société. L’agroforesterie est pour les habitants un mode de vie et un objectif d’auto-détermination et d’économie locale. D’autres projets dans le reste du pays voient le jour.
L’enjeu est, pour les populations locales, de trouver plus d’intérêt à protéger la forêt qu’à la détruire. Car partout, une seule priorité : manger, se chauffer, que ce soit en coupant du bois ou en cherchant de l’or, ou bien en plantant des arbres.
Jane Goodall, célèbre primatologue et créatrice du programme Roots and Shoots, encourageant partout dans le monde les initiatives des jeunes pour protéger le vivant, a toujours insisté sur la nécessité de travailler avec les populations locales dans la protection du vivant.
« Le changement n’est possible que lorsqu’on entre en dialogue avec ceux qui agissent d’une façon qu’on estime injuste » Jane Goodall
La reconstruction péruvienne de la forêt amazonienne peut sembler bien loin de nos préoccupations actuellement. Pourtant elle pourrait bien nous enseigner quelque chose.
Quand quelque chose ravage un environnement, passée la période de lutte pour éradiquer la cause directe de la destruction il faut penser à reconstruire autrement, c’est à dire s’attaquer à la source du problème. Et pour cela, il faut inventer de nouvelles méthodes. Qui sait, si d’autres manières d’organiser la société n’émergeront pas, pour qu’à nouveau, comme la forêt, elle redevienne fertile.