Emmanuel Macron a effectué, le 31 décembre 2017, les traditionnels vœux du Président de la République aux Françaises et Français pour l’année 2018. Dans un discours long (le plus long depuis le Général De Gaulle), il a réaffirmé ses choix politiques et économiques tout en rappelant et en appuyant sur la grandeur de la France. Analyse d’un discours peu rassurant et teinté d’hypocrisie.
Derrière son bureau à l’Elysée, entouré du drapeau français et de l’européen, Emmanuel Macron n’a pas innové dans ses vœux au peuple français pour l’année 2018. D’un ton qui se voulait positif, il a clos l’année 2017, l’année du « choix » selon ses mots, pour ouvrir 2018, celle du changement et de la « transformation en profondeur », celle où il continuera à tenir les engagements promis lors de la campagne présidentielle.
S’il a, dans son discours, abordé tous les grands thèmes, internationaux comme nationaux, il a mis l’accent sur certains plus que d’autres. Ainsi, l’égalité femmes/hommes, sujet particulièrement d’actualité fin 2017 avec les affaires d’harcèlements sexuels, n’a été qu’évoquée. A contrario, le travail comme facteur majeur d’émancipation a été un des principaux thèmes développés par le Président de la République.
Dans cette perspective de défendre « sans relâche » le travail, Emmanuel Macron a mis en avant la formation « tout au long de la vie » pour permettre à tous de trouver un emploi. Il a également affirmé que le travail était pour lui un moyen de « s’émanciper de son milieu d’origine ». Il serait donc, dans ce sens, un facteur de mobilité sociale. Cependant cela est peu vrai, plusieurs études montrant justement que la mobilité sociale est faible. Ainsi au début des années 2010, plus de 65% des fils d’ouvriers devenaient également ouvriers ou employés. Si ces enquêtes datent de quelques années déjà, les récents rapports sur les inégalités ne laissent pas présager une hausse radicale de la mobilité sociale.
« C’est par le travail que notre Nation sera plus forte, parce qu’elle produira, parce qu’elle s’enrichira ».
Les mots sont choisis avec soin, pour que le sens soit là, sans pour autant faire peur. On remarque cependant dans cette phrase l’utilisation des verbes produire et enrichir, verbes rattachés ici à « Nation », alors qu’ils sont plus fréquemment associés au vocabulaire de l’entreprise. Et c’est un peu le sentiment qu’on retire de ce discours ; Emmanuel Macron semble jouer le rôle d’un PDG d’une grande entreprise, le PDG de la France. C’est un peu dans cette perspective qu’il a martelé le mot « rigueur » tout au long de son discours, une rigueur nécessaire selon lui pour faire de la France « ce qu’elle est […], un pays fort ».
Ce dernier point a d’ailleurs été le fil rouge de son discours. Un fil rouge particulièrement patriote, en témoigne les épithètes qualifiant la France, une « grande Nation », « un pays fort », et le peuple français qui possède « l’intelligence française parce que nous avons cela en nous ». On peut d’ailleurs s’interroger sur ce qu’est cette « intelligence française », sorte de don inné issu de la « grandeur de la Nation ». En tout cas elle permet selon notre Président au « peuple français d’être un grand peuple, capable de l’exceptionnel ». Niveau sentiment de supériorité, on n’est pas mal…
Enfin, Emmanuel Macron s’est voulu, dans la continuité de sa position lors de la campagne présidentielle, très pro-européen. Il a ainsi appelé de ses vœux une grande consultation européenne pour rendre l’Union européenne plus démocratique et souveraine. Il reste persuadé que « l’Europe est bonne pour la France », et il veut en faire une puissance économique capable de rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis.
Le Président de la République a également, tout en se félicitant du renouvellement politique que son élection avait apportée, tenu à rappeler l’importance de l’existence d’une opposition qui est « légitime ». Il a souligné, à travers cette idée, le rôle majeur du débat dans les décisions politiques et législatives. Légèrement hypocrite quand on sait que sa réforme du code du travail a été passée par ordonnance, pour éviter justement tout débat…
Particulièrement déterminé dans son attitude et dans ses mots, Emmanuel Macron a, pour finir, appuyé sur le fait qu’il « n’arrêtera pas d’agir » et qu’il ne « cédera rien, ni aux nationalistes, ni aux sceptiques ». Avec un peu de cynisme et au vu de son discours on aurait pu rajouter « ni aux fainéants ».
Bonne année.

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