Qui mieux que notre chère Paris aurait pu accueillir le projet faramineux de Jean-Louis Chaussade, le directeur général de Suez environnement ? Un projet équivalant à la plantation de cent arbres en termes d’absorption de CO2 et ne résidant qu’à l’intérieur d’une seule colonne Morris, place d’Alésia (Paris, 14e)
« In alga veritas »
Dans l’algue, la vérité. Pourquoi se satisfaire de la (simple) réduction d’émissions de dioxyde de carbone alors que nous pouvons en prélever directement une partie, depuis l’atmosphère ? En effet, la micro-algue est composée de chloroplastes, ce qui va lui permettre d’utiliser la lumière comme source d’énergie et ainsi, de transformer le dioxyde de carbone en oxygène grâce au principe de la photosynthèse. Ces êtres unicellulaires ont la capacité de multiplier, chaque jour, leur biomasse par deux. Ils sont mixotrophes, c’est-à-dire qu’ils peuvent s’alimenter par autotrophie (absorption de la lumière) certes, mais aussi par hétérotrophie (absorption de la matière organique). Dans le cas présent, une rangée d’iodes électroluminescentes ayant son spectre lumineux optimisé sera placée à l’intérieur de la colonne Morris et permettra de nourrir l’algue afin qu’elle se développe, la pollution fera le reste.
Les prémisses de ce projet
La start-up Fermentalg basée en Gironde a développé ce prototype et affirme que l’étude de l’hétérotrophie est sa spécialité, qu’il faut commercialiser ce savoir sur les marchés de la nutrition, de la cosmétique, de la chimie verte et de l’énergie. La concrétisation de ce projet réside alors dans le partenariat entre Fermentalg, Suez et la chargée de l’environnement à la mairie de Paris, Celia Blauel.

Les scientifiques ne sont pas d’accord
Les travaux débutés dans le 14e reflètent une bonne intention mais le côté scientifique en doute. Premièrement et selon eux, les concentrations de gaz carbonique seraient trop peu importantes par rapport à la quantité nécessaire permettant de faire pousser efficacement les algues. Deuxièmement, une tonne par an de CO2 capturée ne correspond même pas à l’empreinte carbonique d’un Français par an (environ 8,2 tonnes en 2012).

À titre informatif : le carbone est l’élément dont le taux d’enrichissement est le plus élevé pour créer de la matière organique, l’azote le second. Celui-ci est par exemple rejeté par les pots d’échappement. Place d’Alésia il dépasse les 40 µg/m3 réglementaires (données d’Airparif)
N’oublions pas qu’il s’agit d’une phase d’expérimentation, si les résultats s’avèrent probants, on pourra envisager « la plantation » de nouvelles colonnes Morris écologiques.

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