Le week-end dernier (13 et 14 mai) ouvrait dans le bois de Boulogne le quartier général de la fondation GoodPlanet, menée par le photographe Yann Arthus-Bertrand. Avec ce temple de 3,5 hectares dédié à l’écologie, la fondation souhaite « donner envie aux gens d’agir », en montrant l’exemple d’une humanité intégrée et respectueuse de son environnement.
Un bijou d’écologie
Le « Domaine de Longchamp » de la Fondation GoodPlanet est un véritable bijou ciselé en l’honneur de l’écologie : dans un écrin de 3,5 hectares de verdure aux portes de Paris, entretenu par une équipe de jardiniers sans produits phytosanitaires, le visiteur est invité, à partir de samedi et chaque jour (sauf les lundis et mardis, où le château sera privatisé), à découvrir un bâtiment du XIXème siècle entièrement rénové, regorgeant d’animations, d’expositions et d’activités.
Quelques jours avant l’inauguration, la maire de Paris, Anne Hidalgo, annonçait un lieu « ouvert dédié à la préservation de l’environnement, où peuvent se rencontrer les citoyens de tous horizons unis par des valeurs humanistes ». Dans cette ancienne demeure du baron Hausmann, on trouve ainsi sur 125 m2 une salle de conférence à la programmation riche (interventions prévues de la part du dessinateur Plantu, de la primatologue Jane Goodall ou encore de la navigatrice Isabelle Autissier), un espace de jeu pour enfants, et surtout plusieurs salles d’exposition. La première exposition prévue propose aux visiteurs des extraits inédits du documentaire Home de Yann Arthus-Bertrand, aux côtés d’une impressionnante collection d’instruments de musique du monde entier (plus de 3000), invitant à l’initiation.
Anne Hidalgo, annonçait un lieu « ouvert dédié à la préservation de l’environnement, où peuvent se rencontrer les citoyens de tous horizons unis par des valeurs humanistes »
Autour de cette bâtisse, plusieurs installations – dont certaines encore à venir – célèbrent la pratique écologique : on trouve ainsi un sentier forestier pédagogique (au programme, bambous, roses et hérissons), un potager en permaculture et une ruche de 80 000 abeilles. Il va sans dire que les productions de ces derniers ne quittent pas le domaine : elles alimentent la boutique et le « pavillon de l’alimentation durable », à la fois cantine, école de cuisine et marché bio (le dimanche).
Pour un humanisme écologique
La véritable originalité de ce lieu, pourtant, ne réside pas dans la multiplication des initiatives écologistes ; elle s’incarne plutôt dans sa philosophie directrice, énoncée par Yann Arthus-Bertrand lui-même : « l’écologie a évolué. Être écologiste, c’est aimer les arbres, la nature mais aussi les gens ». En effet, le monument qu’est cette fondation est aussi dédié à l’homme : à travers les œuvres du photographe (le documentaire Home, ou Woman, qui sortira prochainement), et les installations comme celle du sculpteur suisse Etienne Krähenbül, un mobile suspendu composé de 615 morceaux de bois recyclé, représentant les histoires d’autant d’anonymes choisis pour leur engagement, la fondation GoodPlanet montre que l’homme est une des merveilles de la nature.
La volonté de la fondation est donc de mettre en avant l’écologie comme un humanisme à part entière ; une nouvelle façon de penser qui valorise l’homme comme une des composantes de la nature, sans l’en sortir pour le glorifier ou, au contraire, l’accuser. Pour reprendre les mots d’une chroniqueuse du Monde, l’écologie doit être « un nouvel humanisme qui intègre l’homme dans sa biodiversité sans l’y soumettre ». Plutôt que de stigmatiser une nature humaine malfaisante, touchée par le péché originel de la pollution, face à une Nature déifiée et bafouée, il faut ainsi intégrer l’espèce humaine à l’écosystème planétaire – sortir de l’ère de l’homme, « l’anthropocène » – et agir collectivement à un changement de nos habitudes qui respecte les autres éléments, à commencer par nous-mêmes.
C’est pour cela que le nouveau « Domaine de Longchamp » se concentre autant sur l’homme, l’invitant à faire la paix avec lui-même dans une installation à venir de David Best (auteur des célèbres installations du festival Burning Man, dans le désert du Nevada aux Etats-Unis) : celui-ci investira prochainement le pigeonnier médiéval attenant pour construire un « Temple of Life » (temple de la vie), lieu de recueillement sans confession particulière pour « déposer ses peines ». En faisant d’abord la paix avec nous-mêmes (par la spiritualité et la connaissance de soi), puis avec nos semblables (par la réduction des inégalités et des discriminations), nous pouvons espérer faire la paix avec notre environnement : c’est le triptyque que forme aujourd’hui l’écologie.

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