A la fin du mois de février, Thomas s’est vu refuser le droit de donner sa moelle osseuse et donc de sauver une vie alors que la probabilité de trouver un donneur compatible pour une greffe de moelle osseuse est de l’ordre de 1 sur 1 million…. La raison : son homosexualité.
Des lois obsolètes
Si aujourd’hui le don d’organes est autorisé pour les homosexuels, le don de moelle osseuse n’est pour sa part toujours pas autorisé. La raison en est que la moelle est l’organe qui fabrique les cellules du sang et donc qui est bien plus susceptible de transmettre le VIH que les autres organes.
Alors que peu à peu, les législations concernant le don de sang ou d’organes s’ouvrent à tous, sans considération des orientations sexuelles – l’an dernier Marisol Touraine avait levé (sous condition d’abstinence sexuelle pendant 1 an) l’exclusion du don du sang en raison de l’orientation sexuelle – le don de moelle osseuse n’est quant à lui toujours pas accepté. La loi sur l’ouverture du don de sang aux homosexuels modifiée l’année dernière pourrait être expliquée historiquement et socialement par l’épidémie de Sida dans les années 1980. A l’époque les statistiques montraient que la transmission du VIH touchait davantage les homosexuels, et par principe de précaution cette loi a donc été appliquée pour endiguer la diffusion du virus. Toutefois, aujourd’hui la situation et nos connaissances ont bien changé, et il est clair que l’orientation sexuelle n’est pas déterminante dans la transmission du VIH mais bien plutôt les pratiques sexuelles.
Sacrifier l’opportunité de sauver une vie
Thomas, artiste-artisan, donne régulièrement son sang et est inscrit au registre de donneur d’organes. Marqué par le décès de sa mère, qui avait un cancer, lui et sa famille cherchent la moindre occasion pour aider certains patients et éviter des tragédies familiales comme ils ont pu en vivre. Inscrit pour le don de moelle osseuse depuis de nombreuses années sans avoir matché avec un patient (rappelons qu’il y a, en France, seulement 60 personnes compatibles avec nous en moyenne), il est rappelé en février par l’Etablissement français pour le don du sang lui annonçant qu’il y a une probabilité très élevée qu’il soit compatible avec l’un des patients. Il devrait donc venir faire des examens complémentaires pour s’en assurer. Toutefois, Thomas n’en aura jamais l’occasion, puisqu’il précise qu’alors qu’il était hétéro quand il s’est inscrit sur le registre, il vit désormais avec un homme. On lui refuse alors cette chance de sauver quelqu’un – bien malgré ce que voudraient les médecins, mais la loi est la loi – et on lui dit qu’il devra être retiré du registre.
Dans un entretien publié sur le site streetpress.com, Thomas déplore : « Je ne sais pas si la personne à qui j’aurais pu donner ma moelle osseuse est au courant que quelqu’un aurait eu une chance de le sauver si cette loi stupide n’existait pas. Mais à mon avis, cette législation a été et est encore responsable de pas mal de morts ». Et en effet, en 2009 déjà, Frédéric Pecharman s’était lui aussi vu refuser le droit de donner sa moelle osseuse malgré la compatibilité du fait de son homosexualité. Il s’était mis en grève de la faim pendant 30 jours pour demander une évolution de cette loi qui n’a plus raison d’être.

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