Réuni à Cracovie en Pologne, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a ajouté trois nouveaux sites culturels à sa liste « de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité ». Parmi ceux-ci, l’île d’Okinoshima au Japon a été controversée parce qu’elle est interdite aux femmes.
Dimanche 9 juillet le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a inscrit trois nouveaux lieux parmi les 33 sites proposés, à sa liste déjà longue des sites présentant un intérêt culturel majeur pour l’humanité. La ville érythréenne d’Asmara rejoint donc la liste, pour son architecture futuriste unique qui date de la période coloniale sous l’égide de l’Italie fasciste de Benedito Mussolini. A ses côtés, la zone des temples sacrés (le marae) de Tapu-tapu-atea en Polynésie française a été reconnue pour l’« ensemble cérémoniel majeur » qu’elle représente. Enfin, l’île sacrée d’Okinoshima a rejoint le cru 2017 de l’UNESCO.
L’île d’Okinoshima est située entre l’archipel japonais et la péninsule coréenne, dans la Mer de Genkai. Okinoshima signifie : « l’île habitée des dieux », en effet, depuis le IVème siècle de notre ère, les temples présents sur l’île sont des lieux de recueillement pour les populations shintoïstes environnantes. Plus spécifiquement, d’après le site de l’UNESCO, les recherches archéologiques qui ont conduit à la découverte de plus de 80 000 objets de rituels ont montré que les trois temples de l’île étaient destinés à trois déesses. On s’adressait à ces divinités pour prier pour le retour des navires commerciaux ou pour calmer les esprits des naufragés.
Pourtant, ce haut lieu de l’histoire connectée des peuples et de la spiritualité, a été un objet de débat entre les intervenants de l’UNESCO. En effet, le site sacré est interdit aux femmes. A vrai dire, il est interdit à tout le monde la majeure partie du temps, à l’exception d’un prêtre shintoïste qui y demeure toute l’année. 200 hommes sont sélectionnés à l’occasion du festival annuel du temple Munakata Taisha, le 27 mai, pour venir se recueillir le temps d’une journée sur ce lieu hors du commun. Différentes raisons ont pu être avancées pour expliquer l’interdiction des femmes : pour certains, il s’agirait d’éviter la jalousie des déesses de l’île ou bien d’empêcher que cette terre ne soit souillée par les menstruations féminines ou encore d’estimer que le voyage serait trop éprouvant pour les femmes.
Malgré le caractère discriminant du site qui vient de rentrer dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la directrice du Centre du patrimoine mondial aurait souligné l’existence d’un cas précédent : celui du mont Athos en Grèce (qui est lui aussi interdit aux femmes). L’entrée d’Okinoshima au patrimoine mondial ne devrait pas avoir d’impact sur les « conditions d’entrée » sur l’île, réduite à une seule journée pour 200 hommes. Elle ne deviendra pas un lieu touristique, mais restera une terre sacrée aux rituels millénaires. Au-delà d’être simplement « l’île interdite aux femmes », il s’agit avant tout d’une île destinée au culte de divinités féminines, dont la tradition veut qu’elle ne puisse être visité qu’un jour dans l’année, par 200 personnes seulement.

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