Ce mardi 26 septembre est à marquer d’une pierre blanche pour l’avancée des droits des femmes en Arabie Saoudite. Sous l’impulsion de son fils, le prince héritier Mohamed Ben Salman, le roi Salman d’Arabie Saoudite a signé un décret autorisant (enfin !) les femmes à conduire.
Derniers de la classe
Le mouvement d’émancipation des femmes en Arabie Saoudite est l’un des plus lents au monde. Ce n’est qu’en 1962, que le roi Fayçal ouvre la première école pour filles et en 2013 que le roi Abdallah nomme trente femmes au conseil consultatif, le Majles Al-Shoura. Alors qu’il était le dernier pays à refuser aux femmes le droit de conduire, c’est en 2017 que le vent tourne.
Vision 2030
A l’initiative de ce changement de direction : MBS, le prince héritier Mohamed Ben Salman. Si de nombreuses rumeurs attestent qu’il reprendra bientôt le pouvoir de son père, elles sont jusqu’ici, été démenties par le gouvernement. Malgré tout, Mohamed Ben Salman reste un élément puissant du pouvoir – perçu comme novateur, il est celui qui a lancé le plan de réforme « Vision 2030 » avec pour objectif de desserrer l’emprise des religieux sur la société et rompre la dépendance de l’économie saoudienne au pétrole. Si le pays s’est construit rapidement sur cette ressource, elle viendra à manquer et le jeune prince est conscient de l’importance de multiplier les autres activités économiques. Quant à l’emprise de la religion, elle est un véritable frein dans les relations internationales.

Le prince héritier Mohamed Ben Salman
Heureuse issue d’un combat de longue haleine
Depuis plusieurs années, des militantes saoudiennes lançaient régulièrement des campagnes sur Internet afin de pousser les femmes du pays à braver l’interdiction. Le fameux mouvement Women2drive recevait immanquablement une vague de soutien, mais rentrait vite dans les rangs face aux strictes punitions dont menaçait le régime. La chanteuse M.I.A., connue pour ses chansons engagées, avait également contribué à la sensibilisation du monde occidentale aux restrictions faites aux femmes en Arabie Saoudite (Bad Girls, women « drag race, pop wheelies and drive their cars on two wheels » equally).
« Bad Girls » – M.I.A.
Des femmes ravies et des ultra-conservateurs frustrés
Fawzia Al-Bakr, militante et figure de la cause des femmes en Arabie Saoudite n’en revient pas :
« C’est fantastique, je plane ! Cela fait vingt ans que l’on attendait cette mesure. Toutes mes amies débarquent chez moi pour faire la fête ».
Si les femmes se réjouissent, les ultra-conservateurs bouillonnent, notamment sur Twitter où ils font savoir leur mécontentement face à cet « outrage ». Fawzia Al-Bakr n’a que faire de ces réactions d’un autre âge :
« Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Personne n’obligera leurs femmes à conduire. Mais Mohamed Ben Salman ne fera pas machine arrière. C’est lui le plus fort. Il contrôle la situation. »
Vite, vite ! La suite !
Prochaine étape après cet heureux événement ? L’abolition de la tutelle, régime qui oblige les femmes à obtenir la permission d’un référent masculin afin d’accomplir les gestes de la vie quotidienne. Les femmes ne devraient plus (et ce, depuis longtemps !) et n’auraient jamais dû être soumise à de telles autorisations pour signer un contrat de travail, voyager à l’étranger, ouvrir un compte etc.
Mohamed Ben Salman face aux contradictions de son pays
C’est une belle victoire pour les femmes, inattendue pour la plupart, elle permet à l’héritier Mohamed Ben Salman de faire retomber les tensions suite à la « rafle » d’une trentaine de personnalités, restées silencieuses sur le conflit avec Riyad. En effet, depuis le 5 juin, le gouvernement saoudien et son allié, les Emirats Arabes Unis resserrent l’étau sur le Qatar à l’aide d’un blocus diplomatique et économique sous les accusations de complaisance à l’égard de l’Iran et des mouvements terroristes islamistes. Si l’arrivée de MBS au pouvoir se confirme, il sera sans cesse tiraillé entre traditions et maintien du pouvoir et progrès social.
N’hésitez pas à conclure la lecture de cet article par un petit Bad Girls, large sourire aux lèvres.

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