Chaque année en Bolivie, les habitants remercient la terre pour son accueil grâce au rituel de la Pachamama, la terre-mère. Une tradition qui rentre toutefois en contradiction avec la politique actuelle en termes de développement économique, qui est menée au détriment du respect de l’environnement.
Enfants du monde
Les communautés de l’Amérique latine ont une croyance commune : la terre est la mère Pachamama et le ciel est le père Pachapapa. En tant qu’êtres humains, nous sommes les gardiens de leur fabuleux héritage : la nature. Le 1er août sonne le début des festivités qui dureront tout le mois dans les communautés quechuas et aymaras afin de célébrer et de remercier la Pachamama, la terre mère, épuisée par ce qu’elle n’a de cesse de nous offrir : nourriture et ressources. Il convient alors de lui faire des offrandes afin de s’attirer ses bonnes grâces.

Nourrir la terre pour la remercier
Tour à tour, hommes et femmes creusent un trou qui fait référence à la bouche de la Pachamama « la Boca » et considèrent que c’est par cette veine que les offrandes rejoindront le cœur de la terre. Une fois la Boca creusée, on y fait brûler deux cigares dont la fumée purifiera l’environnement et chassera les mauvais esprits avant d’y déposer de la nourriture, des céréales, des feuilles de coca, parfois des animaux sacrifiés et de l’alcool tels que la chicha (bière de maïs). Pourquoi de l’alcool ? Car ces boissons symbolisent l’amusement de l’Homme grâce à la Terre. Une fois la Boca « rassasiée », on y ajoute traditionnellement un mélange de purée de maïs avant de la refermer en priant. Suivront ensuite danses et chants en l’honneur de cette Terre Mère qui se donne corps et âme à travers les années.
Egalité de droits sur le papier
Cette tradition n’est pas qu’un simple rituel datant des Incas, il représente aujourd’hui ce qui a inspiré la loi « Terre Mère » ou « Ley de Derechos de la Madre Tierra », publiée en 2011, qui octroie l’égalité entre les droits de l’Homme et les droits de la Nature et qui recoupe les :
– Droit à la vie,
– Droit de perpétuer les processus naturels indépendamment de toute intervention humaine,
– Droit à l’eau et à l’air pur,
– Droit à être exempt de pollution,
– Droit à la diversité et à la non modification cellulaire ou génétique,
– Droit de la nature à ne pas être affectée par des projets d’infrastructure ou de développement qui pourraient perturber l’équilibre des écosystèmes ou des populations en place.

Tiraillements
La politique bolivienne, dirigée depuis 2005 par Evo Morales, laisse une maigre part à l’écologie et à la protection de la nature malgré l’état de pollution avancée des plus grosses villes telles que La Paz. En effet, certains contrats avec des multinationales exploitant des ressources naturelles du pays ont été renégociés et si la Bolivie détient la moitié des réserves mondiales de lithium, elle n’exploite pas pour l’instant ces ressources qui sont notamment en dessous d’espaces touristiques très prisés.
Le gouvernement reste tiraillé entre la protection de la nature et le besoin de relancer l’économie du pays, à la traine par rapport aux autres pays d’Amérique du Sud (la Bolivie est le pays le plus pauvre de cette région du monde). Par ailleurs, le gouvernement Morales investit de plus en plus largement pour le développement de l’énergie nucléaire.
Si la nature a obtenu sur le papier une égalité de droits avec ceux de l’Homme, personne ne semble être présent pour la défendre…

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