Aujourd’hui, à travers le monde, le sol ne remplirait plus son rôle. Détérioration de l’eau et des aliments, mise en danger des espèces, 3,2 milliards de personnes se retrouveraient impactées par ce phénomène.
Une première mondiale
Un rapport a été réalisé par une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays pour le compte de la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES). Cette étude, publiée le 26 mars, sur l’impact de la détérioration des sols de la planète est une première mondiale sur le sujet.
En effet, l’IPBES créée en 2012 à l’initiative de l’ONU et composée de 129 membres, a déjà rendu un diagnostic inquiétant concernant la biodiversité surexploitée par les humains, menaçant à leur tour leur propre bien être. Ainsi, des scientifiques réunis à Medellin (Colombie) durant toute une semaine ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques « d’extinction massive ».
Au même titre que cette étude sur la biodiversité, le rapport publié ce lundi aura demandé 3 ans de travail pour un coût total de 810 000 euros. « C’était une demande de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Ils avaient un besoin urgent d’un rapport sur la dégradation des sols pour prendre des mesures » a précisé la secrétaire exécutive de l’IPBES Anne Larigaudière.
90% de la planète touchée d’ici 2050
En effet, alors que 95% de notre nourriture provient directement ou indirectement de la terre selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la problématique semble prioritaire pour la survie même des humains.
Selon les données communiquées, 40% de l’humanité serait affectée par la dégradation des sols à un seuil critique. En d’autres termes, cela signifie qu’il n’y a plus de terres « cultivables » et que cela représente une perte des moyens de subsistance. Cela peut provenir d’une gestion déraisonnable des terres qui provoque alors une dégradation du sol impactant à son tour l’eau, les aliments, et les espèces végétales et animales alentours. Le sol n’effectuerait donc plus ses rôles de filtration de l’eau, de stockage du carbone ou encore de fertilisant. Les principales causes citées restent la déforestation, l’agriculture, l’exploitation minière ou encore l’urbanisation. Un quart de la planète n’est pas concerné, mais en vue du changement climatique, de l’évolution de la population mondiale et de la perte des ressources en eau, ce chiffre devrait tomber à 10% d’ici 2050…
Selon les analyses, les zones humides restent les plus touchées. En effet, en 300 ans 87% d’entre elles auraient disparu, dont 54% depuis 1900. Les plantes, les animaux, les insectes perdent ainsi leurs habitats, ce qui pourrait bien être le début de la « 6ème extinction de masse des espèces ».
A l’inverse, aujourd’hui trois milliards d’habitants vivent en zone de sécheresse. Le rapport estime à quatre milliards le nombre d’habitants dans ces zones en 2050. Selon eux, la sècheresse devrait s’accentuer en Amérique centrale et du sud ainsi qu’en Afrique subsaharienne et en Asie. Alarmant sur l’impact de la dégradation des sols, l’étude affirme que celui-ci aggrave également le réchauffement de la planète, rejetant 4,4 milliards de tonnes de CO2 entre 2000 et 2009.
Des solutions possibles
Selon les experts, en restaurant les sols, il serait possible de réduire les émissions d’un tiers d’ici 2030, permettant de contenir le réchauffement global à 2 degrés (comme souhaité par les Accords de Paris).
Ainsi, le rapport préconise des politiques nationales et internationales favorisant : la reforestation, la végétalisation des villes, une meilleure gestion des pâturages et des zones humides.
De plus, la sécurité alimentaire actuelle et future se trouve dans la capacité à augmenter les rendements, mais surtout la qualité de la nourriture tout en utilisant les sols déjà en production et non en en transformant de nouveaux.

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