Aujourd’hui à Paris, 300 agriculteurs venant de toute la France se sont rassemblés place de la République, avant le discours d’Emmanuel Macron sur de nouvelles mesures pour rétablir un prix juste et rémunérateur pour les agriculteurs. Leur revendication ? L’amélioration des prix de leur production.
En France, 46% des fruits et légumes consommés proviennent de l’importation ou de l’introduction (provenant d’un autre pays de l’UE). L’importation française permet, d’une part, de compléter l’offre de fruits et légumes afin d’élargir le choix du consommateur par une gamme variée tout au long de l’année. Mais d’un autre côté, les paysans français sont de plus en plus nombreux à élever la voix pour dénoncer une guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution, qui leur est très défavorable.
En véritable coup d’éclat avant les annonces d’Emmanuel Macron à Rungis, ce mercredi après midi, les agriculteurs de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et des JA (Jeunes Agriculteurs) ont su se faire entendre :
“ Il faut qu’on ait des signaux importants ce soir pour protéger les agriculteurs, pas uniquement par la parole mais par un encadrement législatif”, a déclaré le secrétaire général de la FNSEA, Jérôme Desprey, au pied de la statue de la République.
Accompagnés de slogans tels que “les paysans français premiers acteurs de la biodiversité et de l’entretien des paysages” ou encore “no farms, no food, no future”, les agriculteurs ont cherché à sensibiliser les parisiens aux problèmes économiques qu’ils rencontrent.
Et il y a de quoi s’inquiéter ! En effet sur une baguette de pain à 0,90 euro, le producteur de farine reçoit 4,6 centimes, et sur un paquet de pâtes de 78 centimes, le producteur touche 17 centimes, l’industriel 36 centimes et le distributeur 20 centimes.
Selon un premier bilan de la Mutualité sociale agricole (MSA), les agriculteurs ne gagnent en moyenne que 15.000 euros par an, soit 1250 euros en moyenne par mois. Bien qu’en légère hausse depuis 2015, ce chiffre est surtout dépendant de l’hétérogénéité régionale dans le domaine de l’agriculture française.
“Nous voulons que nos concitoyens voient que l’agriculture a une importance avec un prix correct qui doit être payé aux producteurs” a également déclaré Jérôme Desprey.
C’est ensuite au tour d’Emmanuel Macron de se faire entendre, ce mercredi après-midi, depuis la halle aux fruits et légumes de Rungis, sur les mesures issues des discussions des Etats généraux de l’alimentation (EGA). Parmi les potentielles propositions du Président de la République, il serait question de :
– Rétablir un prix juste et rémunérateur pour les agriculteurs, en fixant les prix à partir de leur coût de production sur lequel transformateurs et distributeurs appliqueront ensuite leur marge, et non plus l’inverse comme aujourd’hui.
– Inciter les agriculteurs à créer des organisations de producteurs plus importantes pour mutualiser leurs moyens et peser dans les relations commerciales avec les distributeurs.
– Demander aux coopératives davantage de transparence sur la répartition des bénéfices alors qu’elles sont accusées d’opacité par leurs adhérents.
Les annonces présidentielles (qu’on prendra avec des pincettes) sont d’autant plus importantes que la crise agricole semble s’être renforcée, notamment à cause des mauvaises conditions météorologiques de l’année 2016 qui ont détruit une partie de la production. En effet, selon l’INSEE qui a publié le 6 juillet 2017 les chiffres de l’agriculture en 2016, on constate une baisse du volume de la production et des prix, en particulier dans le secteur végétal avec un repli de 8,7%. En parallèle, la récolte de céréales enregistre “les rendements les plus faibles depuis trente ans”, avec une chute de 25,2%.
Insee Première “l’agriculture en 2016” : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2891247
Souhaitez-vous privilégier des produits les moins chers possible, qui viennent de l’étranger, et ne plus avoir d’agriculture en France ? Ou préférez-vous que nos emplois agricoles et par la même occasion notre santé soient préservés ?
Après que 17 pays ont reçu des oeufs contaminés au fipronil, dans l’Europe et jusqu’en Asie à Hong-Kong (car quelques opérateurs fournissent d’importants volumes d’oeufs à divers marchés dans le monde) s’approvisionner en circuit court apparaît comme étant une solution à moindre risque.
Crédits photo couverture : Michael Bunel / NurPhoto

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