13h, hier, une assemblée générale est organisée au sein de La Sorbonne pour voter le blocus de la faculté. Sous le slogan « Ni Macron, ni Le Pen ! », les étudiants organisent la lutte. Une partie de la fac de Saint-Denis est actuellement bloquée, comme le campus Jourdan de l’École Normale Supérieure au sud de Paris. Une manifestation contre l’extrême-droite, pour la justice et l’égalité, est prévue ce samedi, orchestrée par la Ligue des Droits de l’Homme, la CGT, la FSU, l’UNEF, ATTAC, la Confédération Paysanne ou encore l’association Solidaires. Des appels à manifester les jours qui suivent et le soir du second tour sont également lancés.
Face à l’inquiétude climatique, à la puissance de l’extrême-droite, au rejet d’Emmanuel Macron, aux inégalités grandissantes et à la crise démocratique, les étudiants tentent de faire entendre leur voix. Le barrage contre l’extrême-droite jugé il y a encore quelques années comme intemporel est désormais rattrapé par la réalité du monde actuel.
« Macron n’est pas une option » nous dit un étudiant. Beaucoup s’abstiendront le soir du second tour.
Répondant à l’appel de la coordination inter-universitaire de Paris, une multitude d’établissements et de lycées se mobilisent. Depuis lundi, le campus de Jourdan de l’École normale supérieure a été investi par quelques dizaines d’étudiants, qui se relaient pour tenir le blocus.
C’est également le cas à Saint-Denis, bloqué dès lundi. SciencesPo s’est réveillé ce matin avec des poubelles et des barrières à son entrée, les étudiants tentent à leur tour de paralyser l’école. Le recteur de l’Académie de Paris a décidé de fermer les universités parisiennes jusqu’à dimanche. Quoi de mieux que d’étouffer une révolte encore couvante.
« Macron et Le Pen ne représentent pas la jeunesse, nos idées et inquiétudes sont absentes du second tour. C’est dramatique. » explique une étudiante pour La Relève et La Peste
La Sorbonne : l’épicentre de la lutte
Hier, à 13h, une assemblée générale a été organisée à La Sorbonne pour voter le blocus de la faculté. Les étudiants voulaient obtenir un amphi pour organiser l’AG, ce qui leur a été refusé par la direction. Ils ont donc forcé l’entrée de l’un d’entre eux et ont voté en faveur du blocus.
En fin d’après-midi, rue Cujas, allée donnant sur une entrée annexe de la faculté, derrière les barreaux de protection des fenêtres grandes ouvertes du rez-de chaussé, les bloqueurs récupéraient baguettes de pain, semoule, taboulé et autres denrées alimentaires apportées par leurs camarades pour tenir le siège.
L’aile sud-ouest de la Sorbonne est totalement occupée. Le blocus n’est pas autorisé par l’administration mais au lendemain de son début il tient toujours, malgré l’attaque d’un groupuscule d’extrême-droite dans la nuit. Des CRS sont actuellement sur les lieux, et tentent de déloger les étudiants occupant la Place de la Sorbonne, sur le parvis du bâtiment, et les empêchent de rejoindre leurs camarades à l’intérieur de l’université pour tenir le siège.
La Préfecture a interdit l’entrée dans l’établissement et a envoyé la police étouffer la révolte. Pour éviter l’arrêt des cours, la présidence de La Sorbonne les diffuse en live au campus de Tolbiac, symbole de leur opposition au blocus.
« Notre mobilisation vise à mettre en lumière le mépris et l’occultation des enjeux actuels par les deux programmes. La non-représentation de nos revendications, l’urgence de la crise climatique et la mise en danger de nos droits, l’inquiétude face à notre avenir, ainsi que les violences raciales, validistes, sexistes et sexuelles, de classe, LGBTQIphobes, omniprésentes au sein de la campagne présidentielle et des programmes des deux candidat·e·s, nous obligent à réagir » explique les étudiants de La Sorbonne Occupée Contre Le Pen – Macron.

Les étudiants participant au blocus sont principalement issus du milieu antifasciste. Le mouvement n’est pour l’instant pas globalisé, mais la plupart de leurs camarades rencontrés aux abords de l’établissement approuvent l’action.
« Cette élection a volé les aspirations sociales, écologistes et progressistes de la jeunesse. » expliquent les occupants dans une vidéo
Les membres de La Sorbonne occupée contre Macron et Le Pen appellent « l’ensemble des étudiants à se mobiliser dans leur universités, dans des assemblées générales, mais aussi dans des lycées. » Ils invitent également la jeunesse « à rejoindre massivement les manifestations qui auront lieu samedi partout en France et les jours qui viendront. » Une nouvelle Assemblée Générale a eu lieu à 13h aujourd’hui.
Le symbole est fort, des universités bloquées entre les deux tours de l’élection, des manifestations qui auront lieu partout en France ce samedi, dans les jours qui suivront, et potentiellement le soir du second tour. Une abstention qui s’annonce record. L’effigie d’une démocratie en crise, d’un futur président ou présidente dont la légitimité sera faible. Il semble que quelque chose soit en marche. Beaucoup rêvent d’une révolte nationale, d’un nouveau mai 68, insufflé par La Sorbonne et s’étendant partout sur le territoire.
Crédit photo couv : EMMANUEL DUNAND / AFP