La capitale indienne vient de bannir l’usage des objets en plastique à usage unique. Un présage optimiste pour l’avenir du pays en matière de lutte contre la pollution de l’air et des océans.
Une décision encourageante
Au début de l’année, un jugement rendu par le Tribunal national pour l’écologie indien (NGT) est entré en effet. Son contenu est simple : les objets plastiques à usage unique (couverts, tasses, sacs, assiettes et « autres objets affiliés ») seront désormais interdits dans toute l’agglomération de Delhi, la capitale du pays. Cette décision fait suite à une interdiction similaire décrétée par le gouvernement du Karnataka en mars dernier, effective sur l’ensemble du territoire de l’Etat.
Le tribunal, qui représente une instance unique habilitée à rendre justice dans le cas de menaces écologiques, avait à l’origine rendu son jugement à la suite d’une plainte pour pollution de l’air, déposée contre trois déchetteries à ciel ouvert de l’agglomération. Celles-ci, procédant officiellement à de la génération d’énergie par combustion des déchets, avaient été épinglées par des riverains pour combustion illégale. Dans son jugement, le NGT a déclaré que « ces sites sont une illustration du désordre qui règne en matière d’environnement et de santé pour les habitants de Delhi ».
Le tribunal n’a cependant pas souhaité interrompre l’activité des trois décharges, se contentant d’établir une amende de 10 000 roupies (environ 140€) pour les commerces et activités déchargeant des déchets sur la voie publique. Un décret qu’on pourrait qualifier de cosmétique, car il ne présente pas de solutions de lutte contre le plastique et omet manifestement d’inclure dans l’interdiction les bouteilles en plastique (suspects principaux de la pollution), certes réutilisables mais utilisées une seule fois dans la majorité des cas.

L’empreinte écologique et plastique de l’Inde
L’effort est cependant louable, car il ouvre à la voie à une meilleure législation en termes de protection de l’environnement en Inde. Pour rappel, l’Inde fait partie des quatre pays responsables de 60% de la pollution plastique des océans à l’échelle mondiale. De plus, la pollution de l’eau n’est pas la seule ombre au tableau : avec une lourde tradition de combustion sauvage des déchets, l’Inde atteint dans ses métropoles des records de pollution de l’air : à Delhi, l’air est ainsi 36 fois plus toxique qu’à Londres.
Alors que des interdictions similaires font déjà effet dans de nombreux pays (en France, les sacs plastiques sont interdits depuis juillet 2016 – la vaisselle plastique, en revanche, devra attendre 2020, point sur lequel Delhi nous devance) il est bon de voir des pays en voie de développement emboîter le pas. Avec ses 1,2 milliards d’habitants, l’Inde se classe au troisième rang des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, une production encore en hausse (+2,4%) en 2015.
Dans le cadre des engagements de la COP22 (ancienne COP21), il est crucial que les pays riches aident les pays en voie de développement, par du conseil et des transferts de technologie, à atteindre leurs ambitions en matière de combat contre la pollution. Car les plus exemplaires ne sont pas forcément ceux auxquels on pense : le Bhoutan et le Costa Rica, fort aidés par leur richesse sylvestre, sont les pays plus engagés dans le respect de l’environnement selon le Climate action tracker ; ils sont suivis de près par l’Ethiopie et le Maroc. Seul bémol : l’indice de mesure se fonde sur les intentions des pays, dont la concrétisation dépend dans la majorité des cas de l’appui d’aides financières internationales.

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