Parallèlement à l’examen sénatorial de la loi sur la réforme du code du travail, la ministre du Travail Muriel Pénicaud est pointée du doigt par le quotidien l’Humanité. Les reporters ont déterré une plus-value excédant 1,13 million d’euros suite à un plan de licenciement orchestré par Madame Pénicaud.
Dans un hémicycle désert, la gauche se fait entendre
Hier, jeudi 27 juillet 2017, l’hémicycle était quasi-désert. Restaient les sénateurs du groupe communiste qui ont chaleureusement accueilli la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avec la Une de l’Humanité en guise de banderole « La journée à 1 million d’euros de Muriel Pénicaud » ; cette dernière dénonce un véritable amalgame.
Boursicotage fortuit ou manipulation ?
En avril 2013, Muriel Pénicaud occupait le poste de chargée des ressources humaines chez Danone ; c’est cette même année que l’actuelle ministre du Travail a réalisé une plus-value de 1,3 million d’euros grâce à la vente de stock-options qu’elle avait reçue dans sa pochette de cadre supérieur chez Danone. Là où le bât blesse au-delà du simple boursicotage, c’est que deux mois avant l’envolée des actions, un plan de restructuration salariale avait été annoncé malgré les bénéfices au beau fixe de la multinationale française (passage du cap des 20 milliards de chiffres d’affaires en 2012, soit +8% par rapport à l’année précédent).

Peu après l’annonce de la suppression de 900 postes, l’action Danone passe de 52 euros (début février) à 55-60 euros (mars-avril) ; en effet, la suppression de ces postes est synonyme d’une rentabilité maximisée, incitant les actionnaires à empocher leurs deniers « La Bourse achète ce discours : l’action prenait presque 5 % mardi matin (19 février 2013 – NDLR) en début de séance », soulignait à l’époque le Figaro. Muriel Pénicaud en profite donc pour passer par la case départ et rafle 1,13 million d’euros en cette juteuse journée, tout juste après l’expiration du délai de garde de 4 ans imposé par Danone.
Quid de l’éthique vs la légalité
La question et l’épée de Damoclès au-dessus de la tête de Madame la Ministre s’axe autour de la suspicion d’une manœuvre supprimant 900 postes (supposément) pour un enrichissement personnel. Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat pointe du doigt la Ministre sans équivoque.
« Ce point est extrêmement grave sur le plan éthique, et peut-être sur le plan juridique, car de par vos fonctions vous avez organisé ce plan social et en avez récolté les fruits pour votre profit personnel. (…) De là à parler de délit d’initié, il n’y a qu’un pas ».
De son côté, Muriel Pénicaud déplore un des amalgames et assure que ces deux événements ne sont reliés d’aucune façon.
« Nous sommes ici pour fabriquer la loi, non pour répandre des approximations démagogiques à propos de personnes singulières (…) Chacun peut avoir son appréciation sur le niveau de la rémunération des dirigeants de grandes entreprises internationales. ».
Si le système des stock-options octroyés aux dirigeants d’entreprises côtées en bourse était en théorie un boosteur de productivité, il peut aussi être un générateur de prises de décisions ravageuses pour ceux qui font la valeur d’une entreprise : ses employés. Affaire Pénicaud à suivre donc ! Sera-t-elle expressément remplacée par le gouvernement afin d’éviter un raffut supplémentaire autour de la controversée loi travail ?

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