Nous avons l’habitude d’entendre des termes comme « multinationale » « conglomérat » et sommes capables de les identifier. Mais savons-nous ce qu’ils représentent vraiment ? Si l’on interroge les gens sur ce qu’est une multinationale, plusieurs réponses surviennent mais les plus fréquentes tournent autour des champs lexicaux du pouvoir et de la perversion. L’autre chose marquante c’est le pessimisme total qu’ont les gens quand il s’agit de devoir s’imaginer combattre une multinationale, sommes-nous d’ailleurs en capacité de s’opposer à elles ? Ont-elles la liberté de pouvoir mettre en place ce qu’elles veulent, peu importe les réglementations juridiques ? Dans un livre important, « De quoi Total est-elle la somme ? », le philosophe Alain Deneault dresse, à partir du cas de Total, le portrait d’une multinationale comme acteur politique ou pire encore peut-être comme étant un acteur au-delà de la politique : un « pouvoir » qui parvient à pervertir le droit à son propre profit.
Total est une entreprise gigantesque étalant ses tentacules un peu partout sur la surface du globe et dans les différents secteurs où elle exerce ses activités. Comme leurs responsables ont l’habitude de le dire, pour que vous preniez bien conscience de l’envergure mondiale de ce groupe, il est présent dans plus de 130 pays.
De plus, pour la majorité des personnes, Total est une entreprise pétrolière française, ce qui est faux. Total n’est « française » ni en ce qui regarde son actionnariat, puisque 72 % du capital est détenu par des investisseurs internationaux, ni en ce qui concerne les intérêts qu’elle défend. Total est bien plus qu’une entreprise « pétrolière », puisqu’elle fait aussi du gaz, de la chimie, des agrocarburants, du courtage, de la recherche et même du solaire, ce qui porte au totale 882 sociétés autonomes appartenant au groupe. La société agit sur l’énergie conventionnelle mais également sur l’énergie de substitution à laquelle nous aurons à faire demain, une fois que l’ensemble des ressources seront épuisées. Autrement dit, Total joue à un jeu de société géant où en tant que grand stratège, elle pose des pions par ci par là pour ne jamais mettre en danger ses intérêts.
Une puissance surdimensionnée présente dans plusieurs secteurs d’activités à l’échelle mondiale et disposant de partenaires importants tels que des banques et des concurrents comme Shell, BP, ou Exxon. Cette puissance renforcée leur octroie le droit de coloniser, corrompre, comploter et polluer en toute tranquillité sans même être inquiété par la justice… Comme nous l’avons vu précédemment, au regard du droit, Total est constitué comme un réseau de filiales et de structures autonomes. Total n’a rien d’une société au sens traditionnel. C’est un pouvoir se déployant sur plusieurs secteurs et plusieurs terrains sans qu’aucune législation ne soit capable de légiférer à l’échelle à laquelle la multinationale se déploie.
Si la justice semble limitée face à ce conglomérat, qu’en est-il des politiques ?
Les dirigeants de Total sont au-dessus des politiques et ne font pas de politique mais de la géopolitique. Ils voient leur ambition à l’échelle de la planète et non à l’échelle française, c’est pour cela que l’élection présidentielle leur importe peu. La politique c’est l’affaire des pauvres, c’est savoir qui portera la couronne après plusieurs combats dans l’arène. Et en sortant de l’arène, Total sera là pour accompagner le grand vainqueur peu importe son camp et lui dicter sa feuille de route qu’il aura tout intérêt à respecter. Les moyens de pressions sont simples, un groupe très puissant comme l’est Total peut effectuer un chantage sur la privation à un état de financements, d’investissements ou d’énergie. De plus, quand vous êtes le 1er groupe de France, le 5ème d’Europe et le 24ème du monde, que vous pesez 100 000 salariés dont plus de 30 % en France, le rapport de force est joué d’avance.
Nous vivons malheureusement dans un monde dans lequel ce sont les multinationales qui ont créé les règles de ce jeu totalement déséquilibré. Les multinationales vont poser leurs pions un peu partout, que ce soit dans la politique en faisant pression ou en plaçant des alliés dans le paysage de sorte à défendre leurs intérêts, ou encore en finançant des experts, des chercheurs qui vont contribuer de manière idéologique et faire entendre leur voix pour conforter les positions de Total. La propagation de leurs idéologies ne s’arrête pas là car elle s’étend même jusqu’à nos propres médias et journalistes qui sont financés par Total pour prêcher leurs paroles tels de véritables convaincus.
La chaine du groupe est malsaine et ravagée par la corruption et l’argent. La totalité des enjeux nous échappe à nous et à ce qui reste de nos « souverainetés politiques ». Le jeu est lancé, les règles établies depuis bien longtemps et le rapport de force totalement déséquilibré.

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