Il y a une semaine, les élections législatives italiennes ont été remportées par le Mouvement 5 étoiles avec près de 32% des voix. Si ce n’est pas assez pour être majoritaire au Parlement, c’est une grande victoire pour le M5S qui devient la première force politique du pays, reléguant les partis « classiques » de Matteo Renzi et de Silvio Berlusconi au second rang. Classé par beaucoup dans la catégorie « populiste », ce parti qui n’en est pas un, sort des codes et des dogmes de la politique habituelle.
Après les élections municipales où le M5S avait remporté la première et quatrième ville du pays (respectivement Rome et Turin), c‘est une nouvelle petite révolution qui a frappé l’Italie dimanche dernier quand ce même mouvement est arrivé largement en tête des élections législatives. Créé par Giuseppe « Beppe » Grillo, un blogueur-humoriste, et Gianroberto Casaleggio, un consultant en stratégie Web, à la fin des années 2000, son nom fait référence aux 5 grands principes qu’il défend : le retour de la gestion de l’eau au public, tous les transports publics, zéro déchet, développer les énergies renouvelables, et le wifi en libre accès partout.
Malgré ces grands principes fondateurs, le programme politique du mouvement n’est pas toujours très clair et défini. Nous y reviendrons. Gardons cependant à l’esprit que le M5S se construit avant tout en opposition aux grands partis nationaux et historiques, que ce soit le Parti Démocrate (plutôt de centre gauche) ou Forza Italia (le parti de S. Berlusconi, à droite). C’est dans cet esprit qu’il prône une transparence parfaite pour lutter contre la corruption et un renouvellement du personnel politique pour éviter des groupes de dirigeants élitistes n’ayant aucune conscience de la réalité sociale et économique de leur pays.
C’est dans le cadre de cette politique « anti-élites » que tous les candidats du mouvement sont choisis par l’ensemble des adhérents grâce à un vote sur Internet. Economiquement, le Mouvement cinq étoiles défend des idées qu’on pourrait classer à gauche. On parle ainsi de revenu universel pour tous et même de décroissance, concept qui participe à forger la position très écologiste du parti.
Son nom fait référence aux 5 grands principes qu’il défend : le retour de la gestion de l’eau au public, tous les transports publics, zéro déchet, développer les énergies renouvelables, et le wifi en libre accès partout.
Plutôt de belles idées non ? Un mouvement écologiste, prônant la démocratie directe et participative, la lutte contre la corruption, et une économie sociale et saine pour l’environnement. Un mouvement qui se veut, selon les mots de son co-fondateur G. Casaleggio être « l’amanite phalloïde » (un champignon extrêmement vénéneux) des partis classiques et de l’entre-soi des élites politiques. Mais plusieurs points viennent très largement contraster cette vision du Mouvement 5 étoiles.
Tout d’abord sur les idées de politique extérieure, le M5S a un avis radical, qu’on pourrait appeler « Italia First ». Il est ainsi anti-migrant, voulant interdire l’immigration clandestine et le droit du sol… Il est également eurosceptique, même si cet aspect c’est adouci depuis que Beppe Grillo a laissé la vedette et les « rênes » (même s’il n’y a pas de chef à proprement parler) à Luigi Di Maio, un fils d’un ancien dirigeant néo-fasciste. Des thèmes qui rappellent fortement les engagements de campagne du Front National et qui se rapprochent, nationalement de la Ligue, le parti d’extrême droite italien.
Pour illustrer un peu plus cette tendance du M5S à être située à l’extrême droite de l’échiquier politique, le mouvement a siégé au parlement européen avec l’UKIP, le parti britannique dont le slogan est tout simplement « we want our country back » ou encore l’AFD, le parti d’extrême droite allemand… C’est d’ailleurs ce côté fourre-tout du mouvement qui fait qu’il rassemble des voix de personnes qui ne partagent pourtant absolument pas les mêmes convictions.
Un autre point qui fait tâche est la capacité du M5S à mettre en application ce qu’il dit. Ainsi à Rome, la maire « cinq étoiles » Virginia Raggi est empêtrée dans divers scandales de corruption, tandis que la ville connaît toujours de gros problèmes de transports et de déchets, des points qui font pourtant parti des cinq étoiles du mouvement. C’est un peu la même situation à Livourne où le maire a été mis en examen en 2016. Tant d’exemples qui illustrent la grande force du mouvement lorsqu’il est dans l’opposition mais aussi son incapacité à tenir ses promesses lorsqu’il s’agit de gouverner.
Malgré cela, Luigi Di Maio, le très jeune numéro un du mouvement est en lice pour devenir le chef du futur gouvernement. Son principal rival est Matteo Salvini, le leader de la Ligue, le parti historique d’extrême droite. Di Maio, à l’exact opposé du très extravagant Beppe Grillo, donne un aspect plus sérieux au mouvement. Reste cependant à voir quelle ligne précise le M5S décidera de suivre en tant que parti majoritaire au Parlement, et si son aspect antisystème résistera au pouvoir.
Photo de couverture : ELIANO IMPERATO / Controluce

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