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Mort d’Adama Traoré : En pleine mobilisation nationale, une nouvelle expertise valide l’asphyxie par plaquage ventral comme cause du décès

A Paris, Lille, Lyon, Marseille et ailleurs, de nombreux écriteaux et pancartes arboraient ainsi la phrase « Je n’arrive plus à respirer » (« I can't breathe », en anglais), la dernière à avoir été prononcée par George Floyd, alors que le policier appuyait sur son cou avec son genou. Depuis maintenant quatre ans, la famille d’Adama Traoré explique que c’est une technique d’immobilisation similaire qui a causé la mort du jeune homme.

Mardi 2 juin, des dizaines de milliers de personnes ont défilé devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, et partout en France, pour contester le déni de justice sur la mort d’Adama Traoré. En pleine mobilisation, une nouvelle expertise indépendante, réalisée à la demande des proches du jeune homme, vient donner raison à la famille Traoré. Adama Traoré est mort des suites d’un plaquage ventral opéré par les gendarmes lors de son arrestation.

Une mobilisation historique pour dénoncer le racisme et les violences policières

Ni le coronavirus, ni l’interdiction de la Préfecture de Paris n’auront empêché plus de 20 000 personnes de se rassembler devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, ce mardi 2 juin à 19h, en réponse à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 lors de son arrestation par des gendarmes.

« Aujourd’hui, ce n’est plus que le combat de la famille Traoré, c’est votre combat à vous tous (…). Aujourd’hui, quand on se bat pour George Floyd, on se bat pour Adama Traoré. On doit lever le rideau sur le racisme policier et ce qu’il se passe aujourd’hui en France sur les personnes racisées ; aujourd’hui nous avons une police dans l’impunité totale, qui se considère comme une mafia à vouloir faire ce qu’elle fait dans la France entière. » a ainsi scandé sa sœur Assa Traoré, porte-parole du mouvement La Vérité pour Adama

Aux Etats-Unis, la mort de George Floyd, un homme noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis, a provoqué depuis une semaine des manifestations populaires partout dans le pays contre les brutalités policières. Face à la différence de traitement médiatique en France entre ce décès et celui d’Adama Traoré, sa famille avait donc décidé d’organiser une grande mobilisation pour protester contre les crimes racistes.

A Paris, Lille, Lyon, Marseille et ailleurs, de nombreux écriteaux et pancartes arboraient ainsi la phrase « Je n’arrive plus à respirer » (« I can’t breathe », en anglais), la dernière à avoir été prononcée par George Floyd, alors que le policier appuyait sur son cou avec son genou. Depuis maintenant quatre ans, la famille d’Adama Traoré explique que c’est une technique d’immobilisation similaire qui a causé la mort du jeune homme.

Expertise et contre-expertise médicales

Le but de la mobilisation était aussi de contester le dernier rapport d’expertise médical, ordonné par les autorités, qui disculpait les gendarmes. Un rapport raciste, dénonce la famille, qui relève les termes « sujets de race noire » mais aussi le choix curieux de médecins n’ayant pas de compétences en lien direct avec les pathologies en cause dans le dossier : la sarcoïdose et la drépanocytose.

« Aujourd’hui, on demande que les gendarmes soient mis en examen et soient condamnés, on demande juste que notre droit soit établi. On demande simplement la justice et la vérité dans la mort de mon petit frère, on ne demande rien d’autre. » expliquait Assa Traoré au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC

En pleine mobilisation, retournement de situation : une nouvelle expertise médicale, commandé par les parties civiles, vient contredire le rapport décrié. Il explique que le décès d’Adama Traoré a été causé par un syndrome asphyxique qui fait suite à un oedème cardiogénique. Cet oedème a été provoqué, selon le rapport, par « une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral ».

« Cette contre-expertise a été réalisée par un professeur de médecine interne d’un prestigieux hôpital parisien. Les conclusions de ce rapport sont très claires : le décès d’Adama Traore résulte du plaquage ventral exercé par les trois gendarmes. » précise l’avocat de la famille d’Adama Traoré, maître Yassine Bouzrou, pour Franceinfo

A l’inverse, maître Rodolphe Bosselut, qui défend deux des gendarmes placés sous le statut de témoin assisté dans cette affaire, prétend maintenant qu’il n’y a pas eu de plaquage ventral et qu’Adama « était déjà caché à plat ventre ». Cette déclaration vient contredire l’aveu des gendarmes qui ont reconnu qu’Adama a porté le poids de leur trois corps.

La décision finale reviendra aux juges d’instruction qui choisiront de la suite à donner à cette nouvelle pièce. Quant à la marche, elle s’est terminée avec quelques tensions en marge du rassemblement. Les forces de l’ordre ont gazé les manifestants pour les disperser et interpellé dix-huit personnes.

Quelques jours avant, un adolescent de 14 ans s’est fait tabassé par la police lors de sa garde à vue. Il risque aujourd’hui de perdre un oeil. Une plainte a été déposé à l’IGPN pour établir la vérité sur l’interpellation violente dont il a été victime. Ce nouvel accès de violence policier renforce la défiance envers une institution censée protéger les citoyens : « Police Partout, Justice Nulle Part » scandaient les manifestants.

Fort du soutien des dizaines de milliers de personnes présentes hier soir, le comité pour Adama continuera de réclamer justice. L’un des objectifs de la manifestation a été bien rempli : éveiller les consciences sur les violences policières et le problème structurel du racisme au sein de la police et de la société.

Crédit photo couverture : Antoni Lallican / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Laurie Debove

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