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« Ils m’ont violée parce que je suis Nuer » : au Soudan du Sud, les violences sexuelles sont une arme de nettoyage ethnique…

Amnesty International vient de sortir un nouveau rapport sur les violences sexuelles perpétrées et subies au Soudan. Des lignes d’horreur sans limites. Un conflit de 6 ans En juillet 2011, le Soudan du Sud devenait un Etat indépendant du Soudan. Deux ans plus tard, en décembre 2013, un conflit interne d’une violence extrême éclatait, replongeant […]

Amnesty International vient de sortir un nouveau rapport sur les violences sexuelles perpétrées et subies au Soudan. Des lignes d’horreur sans limites.

Un conflit de 6 ans

En juillet 2011, le Soudan du Sud devenait un Etat indépendant du Soudan. Deux ans plus tard, en décembre 2013, un conflit interne d’une violence extrême éclatait, replongeant les habitants dans une horreur contre laquelle ils pensaient avoir votée. En effet, les tensions politiques entre le président élu Salva Kiir et Riek Machar, vice-président jusqu’en 2005, ont enclenché des massacres et pillages de l’ethnie Nuer par le gouvernement lui-même à cause de leur religion et de leurs préférences politiques.

Ainsi, les forces de sécurité se sont divisées entre ceux qui maintiennent leur allégeance au gouvernement en place (les Dinkas) et ceux (les Nuers) qui rallient le chef de l’opposition, Riek Machar. Selon leur appartenance, les civils sont pris entre deux feux et ils ne peuvent trouver refuge, discriminés soit par un camp, soit par l’autre. Les aides sont très limitées et la détresse psychologique est à son comble.

(A gauche, Riek Machar, à droite, Salva Kiir)

Effroi et impuissance

Les deux camps utilisent les violences sexuelles afin de terroriser, avilir, déshonorer et parfois même empêcher les hommes de groupes politiques rivaux de procréer. Ces violences sexuelles sont en général préméditées et exécutées à grande échelle ; de nombreuses femmes ont été violées en réunion, agressées sexuellement, avec des bâtons, avant d’être parfois mutilées au couteau. Amnesty explique qu’il est arrivé que certains agresseurs tuent les femmes qu’ils venaient de violer ou mutilent leur sexe si elles opposaient une quelconque résistance, entrainant parfois la mort de la victime.

Des hommes ont également été agressés, violés, castrés ou mutilés… Le rapport d’Amnesty fait état d’un cas inhumain où des militaires de l’armée de l’Etat ont inséré de l’herbe dans le rectum d’un jeune homme avant d’y mettre le feu et le regarder mourir dans d’atroces souffrances. La balle de l’horreur se passe d’ethnie en ethnie, des hommes dinkas s’en prennent à des femmes nuers et des hommes nuers s’en prennent à des femmes dinkas.

« Vous ne savez pas que les Dinkas et les Nuers s’affrontent et que beaucoup de Nuers ont été tués par des Dinkas à Djouba ? » ont déclaré les neufs agresseurs Nuers qui ont fait irruption chez James, un Dinka, avant de le forcer à les regarder violer puis tuer sa femme, Acham. Nyaluit, qui a été violée par cinq membres des forces de l’Etat en décembre 2013, explique :

« Ils m’ont violée parce que je suis Nuer […]. Ils parlaient de ce qui s’était passé à Bor, où des femmes et des filles dinkas avaient été violées et tuées par des Nuers, du groupe ethnique de Riek Machar. »

Il semblerait que certains hommes nuers auraient violé des femmes de leur propre groupe, les estimant favorables à l’opposition. Quelle incompréhension alors que ces ethnies appartiennent à un même pays, à un même continent, à une même race, celle de l’Humanité toute entière…

Amnesty appelle à des mesures d’urgence

Ces actes incommensurables affaiblissent les populations physiquement et psychologiquement. Les traumatismes sont ancrés au plus profond d’eux-mêmes et dessinent les contours d’une vie de souffrance continue : culpabilité, angoisses, anxiété, pensées morbides, désir de vengeance… La situation empire de jour en jour et les actes d’aujourd’hui dessinent la société de demain. Les conflits politiques s’introduisent tels un poison dans les maisons et les rues du Soudan du Sud, détruisant des familles entières sur leur passage.

Amnesty International a fait appel aux autorités sud-soudanaises et aux forces de l’opposition afin de prendre des mesures d’urgence :

« Il est temps que les autorités sud-soudanaises :

– Prennent des mesures volontaristes pour enrayer cette vague de violences sexuelles, en commençant par envoyer un message clair de tolérance zéro
– Diligenter immédiatement une enquête indépendante et efficace sur les agressions perpétrées
– Et veiller à ce que les responsables présumés soient amenés à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables.
– Préviennent les violences sexuelles, notamment en écartant les suspects des forces armées jusqu’à ce que les allégations les mettant en cause soient confirmées ou infirmées de manière indépendante. Il faut que les victimes obtiennent justice, soins médicaux et réparation.

Les forces d’opposition doivent, elles aussi :

– Interdire les violences sexuelles dans leurs rangs
– Mettre en place des mécanismes solides pour surveiller leurs combattants
– Coopérer à toutes les enquêtes et poursuites dont leurs membres sont susceptibles de faire l’objet en vertu du droit international. »

Devant nos ordinateurs, dans nos rues sécurisées et notre confort de vie, nous avons une arme qui peut tout changer : l’information. Grâce à l’information et aux moyens mis en place comme des organisations telles qu’Amnesty International, nous avons la possibilité de savoir et d’agir via des pressions citoyennes qui ont déjà fait leur preuve. Ne restons pas silencieux et inactifs, nous avons chacun le pouvoir de changer les choses à notre niveau : la communauté internationale doit agir. Cette fois ci, on ne pourra pas dire « qu’on ne savait pas ».

Le rapport complet est disponible ici.

Crédits photo : Amnesty International

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Diane Scaya

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