Monsanto sur le banc des accusés
Aux Etats-Unis, le juge fédéral Vince Chhabria a produit un rapport dans lequel il considère que les arguments des experts sont suffisants pour qu’un jury puisse conclure que le glyphosate provoque des cancers. Ceci signifie que les plaintes contre l’herbicide « Roundup » de Monsanto pourront être portées devant la justice.
« On estime entre 3 000 et 5 000 le nombre de personnes, notamment d’agriculteurs, qui poursuivent Monsanto et son Roundup » précise Arnaud Apoteker, délégué général de Justice Pesticides (association proposant une base de données juridiques mondiales liées aux pesticides). La plupart d’entre eux ont été diagnostiqués avec des cancers du système lymphatique, les lymphomes non-hodgikiniens.
Une décision qui devrait faire jurisprudence
Et pourtant, le premier procès du Roundup — commercialisé depuis 40 ans — n’a débuté qu’en ce début de juillet 2018. Il s’agit d’une plainte d’un Américain de 46 ans, Dewayne Johnson, atteint d’un cancer en phase terminale. « Si le tribunal rend un jugement favorable dans le cas de Dewayne Johnson, s’il condamne Monsanto, cela aura évidemment un impact sur tous les autres procès, aux États-Unis comme partout dans le monde. Cela fera jurisprudence d’autant que cela concerne des milliers de personnes », note Arnaud Apoteker.

Pour le moment, le géant agroalimentaire brandit des centaines d’études qui auraient établi l’innocuité de la molécule incriminée. Il a déclaré dans un communiqué qu’il « n’y a absolument aucune connexion entre le glyphosate et le cancer ».
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), qui a classé le glyphosate comme cancérogène probable, ne partagent pas le même point de vue…
Le géant fragilisé ?
Ces procès parviendront-ils à fragiliser le géant ? En tous les cas, les accusations de Brent Wisner, l’avocat de Dewayne Johnson, sont claires. « Monsanto sait depuis 40 ans que les composants de base du Roundup peuvent provoquer des tumeurs chez des animaux de laboratoire » a-t-il affirmé le premier jour des audiences du procès à San Francisco. Concernant le lien entre le produit et les risques de cancer, Wisner a aussi déclaré que « Monsanto a utilisé tous les moyens à sa disposition pour effrayer les scientifiques et s’opposer aux chercheurs ».
En France, le gouvernement s’est engagé à cesser d’utiliser le glyphosate pour les principaux usages d’ici trois ans, malgré la décision de l’Union européenne de prolonger la licence de l’herbicide jusqu’en 2022.