En 2015 le glyphosate, une molécule herbicide notamment contenue dans le « Round Up », a été classé « probablement cancérigène » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), organe dépendant de l’OMS. C’était la première fois qu’une instance de cette importance prenait une décision aussi forte, contre l’un des pesticides et herbicides les plus utilisés au monde. Depuis, la société « Monsanto » qui commercialise le produit a engagé une véritable guerre contre le CIRC pour « sauver » le glyphosate et renouveler le visa d’importation de ce produit en Europe (processus de ré-homologation du glyphosate en Europe) quitte à user de pratiques déloyales et attaquer le CIRC sur tous les terrains, y compris financier et scientifique.
Les effets du glyphosate sur l’Homme
Selon une étude du CIRC (monographie 112) le glyphosate comporte plusieurs propriétés potentiellement très dangereuses pour la santé humaine. En effet, le glyphosate est génotoxique : il peut potentiellement endommager l’ADN en compromettant l’intégrité physique ou fonctionnelle du génome.
Cette substance a également eu des effets cancérogènes sur des animaux de laboratoire – notamment sur des rongeurs – ce qui permet aux chercheurs de considérer que ce produit est « probablement cancérigène » pour l’Homme. Les preuves suffisantes afin de démontrer que ce produit aurait des effets cancérigènes n’ont pas pu être recueillies, faute de temps. La principale étude sur le sujet – l’« Agricultural Health Study » – n’a pas suivi les participants assez longtemps pour donner des résultats scientifiques probants. Une étude rétrospective renforce néanmoins l’hypothèse selon laquelle cette substance serait nocive pour l’Homme et met en évidence des liens importants entre l’exposition au glyphosate et le cancer du sang.

Monsanto : le géant des pesticides contre l’intérêt des consommateurs
L’enjeu de la commercialisation du glyphosate est crucial pour Monsanto : cette substance est en effet au cœur de leur modèle économique et a fait l’objet d’une demande croissante depuis 1974 lors de la sa mise sur le marché. Molécule « la plus utilisée au monde » depuis qu’elle est tombée dans le domaine public en 2000, Monsanto profite encore des retombées économiques spectaculaires du glyphosate, notamment grâce à la vente de leur produit phare : le Round Up.
La controverse autour des dangers potentiels du glyphosate est née après que l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) a conclu en novembre 2015 que le glyphosate ne comportait aucun danger. De cette dispute d’experts est née une brèche dans laquelle s’est engouffré Monsanto, qui fait pression depuis la sortie du rapport pour que cette molécule puisse continuer à être commercialisée au sein de l’Union européenne.
Pourtant, la différence de résultats issus de ces enquêtes est facilement explicable : les principales sources (confidentielles) de l’étude menée par l’EFSA ont été fournies par les groupes industriels. Ces études obéissent à un cahier des charges très précis qui correspond aux besoins des industriels. Au contraire, l’étude du CIRC prend en compte la littérature scientifique qui a été écrite sur le sujet : si elle critiquable, ces sources ont l’avantage d’être plus objectives car elles ne dépendent pas des exigences et des intérêts des industriels. Il faut en effet garder en tête les intérêts de chacun et notamment ceux des industriels, qui profitent largement des retombées économiques de l’agriculture productiviste, permise grâce à l’utilisation intensive de pesticides.

Monsanto montre les dents !
Alors que l’Union européenne devrait bientôt se prononcer sur le renouvellement de l’autorisation d’importation du glyphosate – d’ici la fin du mois de juin – Monsanto a engagé une vaste campagne contre le CIRC : intimidation de scientifiques alertant contre les dangers du glyphosate, attaque contre leurs financements, « trolls » en ligne…
Pour Christopher Wild, directeur du CIRC « nous sommes la cible d’une campagne orchestrée, d’une ampleur et d’une durée inédite » : ces attaques révèlent les faiblesses internes de la multinationale et de son modèle économique, fondé uniquement sur les pesticides et donc incompatible avec la transition énergétique globale qui s’annonce. Pire encore, après l’affaire des « Monsanto Papers » la justice américaine a déclassifié plusieurs centaines de pages de correspondances interne à la firme internationale, révélant que cette dernière avait conscience des effets néfastes du glyphosate depuis les années 1990.
Crédit Photo : PATRICK PLEUL / ZB / DPA

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