Samedi dernier, Emmanuel Macron a annoncé les mesures mises en place par le gouvernement pour lutter contre les violences faites aux femmes… Si l’égalité femme-homme est devenue la « grande cause » de son quinquennat cette problématique particulière est un enjeu particulièrement crucial. Aujourd’hui encore, une femme se fait violer toutes les sept minutes en France et 14,5% des femmes connaitront des violences sexuelles (viols, tentatives de viol, attouchements sexuels) dans leur vie.
Les violences faites aux femmes : un constat alarmant
Si les « polémiques » autour des hashtags #BalanceTonPorc et #MeToo ont permis de mettre en lumière les différentes formes violences subies par les femmes, que ce soit dans la rue, au travail ou au sein de leur foyer… il faut regarder les chiffres de plus près pour avoir une idée générale de « l’état de vulnérabilité » des femmes. L’enquête VIRAGE (« Violences et rapports de genre ») produite par l’INED avait dressé un panorama particulièrement alarmant de ces violences : en 2016, plus de 123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire « intime » et 84 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles, dont la moitié ont été commises par leur conjoint ou ex-conjoint.
Seules 9% des victimes porteront plainte suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subis : en effet la stigmatisation des victimes de violences sexuelles est encore un phénomène très prégnant et ce malgré une relative libération de la parole, de plus en plus encouragée grâce au travail des associations d’aide aux victimes. Si les hashtags #MeToo et #BalanceTonPorc ont certainement été salvateurs pour de nombreuses femmes, ils ne sauraient à eux seuls représenter l’ensemble de notre système actuel, responsable dans son ensemble de l’oppression des femmes.

De nouvelles mesures pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles… à une attitude parfois ambiguë du gouvernement !
Les mesures annoncées par le Président Macron répondent à de nombreuses demandes des associations féministes et d’aide aux victimes de violences sexistes. Le renforcement de l’arsenal répressif, comme l’allongement de la prescription de viols après la majorité par exemple, la mise en place d’un minimum de présomption de non consentement ou la facilitation des plaintes pour les victimes de violence ont été largement salués par le milieu associatif.
L’accompagnement des victimes dans leurs démarches a également été un point fort des mesures du gouvernement, avec la mise en place d’unités spécialisées dans la prise en charge des risques psychotraumatiques dans les centres hospitaliers. Mais malgré ces avancées, certaines associations et militant.e.s féministes ont refusé de se rendre au lancement de cette « grande cause » du quinquennat le 25 novembre dernier, dont l’organisation « Paye Ta Schneck » qui a pour objectif de redonner la parole aux victimes de harcèlement sexiste.
Sur sa page Facebook, l’organisation explique son geste :
« Le gouvernement actuel asphyxie les véritables actrices de la lutte contre les violences faites aux femmes que sont les associations. Ce gouvernement s’empare du sujet du harcèlement de rue d’une manière absolument inadaptée. Ce président remet en cause la parole des victimes qui ont osé témoigner au sujet du harcèlement qu’elles ont subi. Ce gouvernement lutte contre l’écriture inclusive, mais ne lutte pas contre le racisme ».
En effet certains dérapages d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe ont été vivement critiqués par le milieu associatif, notamment la critique de l’emploi du terme « délation » qui contribue à décrédibiliser la parole de certaines victimes : « je renouvelle donc mon soutien à toutes les personnes qui sont, ont été ou seront victimes de harcèlement/agression/viol : vous n’êtes pas seules, et nous continuerons sans relâche à balancer nos vécus sous les yeux des sceptiques. Et si cela les irrite, ce n’est pas notre problème. Vous ne faites de pas de la délation, vous contribuez à changer le monde ».
Mais c’est surtout les prévisions de budget annoncées par le gouvernement qui ont été critiquées par les associations féministes. Avec une enveloppe de 420 millions d’euros, certaines associations y ont vu un « tour de passe-passe » qui en réalité n’aura pas pour destination spécifique la lutte contre les violences faites aux femmes mais sera distillée dans des actions très diverses (par exemple l’aide à l’entrepreunariat des femmes). A cela doit être rajouté le fait que le budget alloué à Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, est « le plus petit budget de l’Etat » et a été modestement monté de 29,8 millions à 30 millions par Emmanuel Macron.
Encore de la poudre de perlimpinpin pour farder un manque de volonté politique ? A suivre…
Crédits photo de couverture : Ludovic MARIN / POOL / AFP

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